• Rock & Folk

    C'est alors qu'apparaît, en été 1966, Rock & Folk (qu'on prononcera longtemps « Rock et Folk » et non « Rock And Folk ». Il s'agit à l'origine d'un supplément de la revue Jazz Hot dont il applique le même schéma. Une grille très simple annonce la couleur : analyses, informations, chroniques de disques et de concerts ainsi que des interviews illustrées. Ce sera une bouée de sauvetage pour tous ceux qui veulent traverser en musique la Manche ou l'Atlantique. L'éditorial n° 1 ratisse large : «  la musique rythmée d'aujourd'hui sans sectarisme et d'une manière assez approfondie. Des pionniers du rock au folk song de tous les pays en passant par le rhythm'n' blues et les groupes anglais. » Après les pionniers Philippe Rault, Kurt Mohr, Jacques Barsamian, Hervé Muller, Philippe Koechlin et Philippe Paringaux vont faire de Rock & Folk, en quelques années, l'outil de référence ultime, l'arbitre du rock en France. Les enquêtes fouillées menées à San Francisco, Detroit, Los Angeles et New York par Alain Dister, puis Yves Adrien, Philippe Garginaire et Philippe Manœuvre alimentent un imaginaire français assoiffé de grands espaces et de bières américaines. Sous des photos de couverture consensuelles (Rolling Stones, Pink Floyd, Genesis, Rod Stewart), Rock & Folk cherche à échapper à l'étroitesse d'esprit de l'amateur de rock en France via une quantité de rubriques et de points d'ancrage. Les critiques de rock de Rock & Folk sécrètent leur aura : Yves Adrien, esthète prophétisant, sous une prose précieuse, la venue du punk puis le règne de la disco et de la pop synthétique, Philippe Garnier, sorte de grand frère vivant le rêve (et le cauchemar) américain à Los Angeles, et Philippe Manœuvre, un amateur de hard rock arrivé en 1975, dont la verve et la pétulance adolescentes enchantent nombre de lecteurs. De nouvelles plumes s'affirment au fil des années : après Paul Alessandrini, arrivé en 1972, passionné de musique planante, Patrick Coutin, François Ducray, Jean-Louis Lamaison, Hervé Muller, le défunt Claude Pupin, puis, au début des années 80, Bayon qui singe « Bruno T. », Michka Assayas, François Gorin et Laurent Chalumeau.

    L'encadrement formel est impeccable : le regretté Philippe Koechlin, très marqué par l'école allemande graphique du magazine TWEN, conçoit et exécute seul toutes les maquettes dans un minuscule bureau qu'il partage avec Philippe Paringaux et le secrétaire de rédaction Jacques Colin. Rejetant, avec la majorité de ses lecteurs, la révolution punk, Rock & Folk se maintiendra au sommet, frôlant les 300 000 exemplaires, jusqu'au tout début des années 80. Mais quand les goûts du public, bouleversés par l'arrivée du clip, la libéralisation des ondes et une présence plus familière du rock dans les médias, évoluent, Rock & Folk paraît vite dépassé et hors coup. Dès le milieu des années 80, c'est la dégringolade. Racheté en 1990 par les éditions Larivière, Rock & Folk , qui est désormais un tout autre magazine dont le rédacteur en chef est Philippe Manœuvre, à la tête d'une nouvelle équipe, s'adresse aujourd'hui à un public plus restreint.

     

    ________________________________Corval


  • Commentaires

    1
    miles
    Vendredi 23 Décembre 2011 à 12:45
    Sauf que Paul Alessandrini a commencè à écrire dans Rock and folk en 1969. S'il a effectivement parlé de Tangerine Dream ou Ampn Duul , il a fait découvrir Kraftwerk et Can pas si planants. Et vous oubliez tous les textes sur Zappa, Beefheart,Patti Smith , le Velvrt underground, Bowie , Roxy music,King Crimson ou encore les New York Dolls et....Sans parler des papiers sur le cinèma ou la littérature
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