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    Le vendredi 24 février 1961, le rock'n'roll made in France s'impose enfin à une grande échelle à Paris et en France. Le mouvement couve depuis près d'un an, à partir du premier disque de Johnny Hallyday, même si un précurseur comme Richard Anthony a déjà obtenu un premier tube avec " Nouvelle Vague ". Deux shows se donnent ce jour-là au Palais des Sports, immortalisés par le photographe Michel Ringot...

    Même si l'adjectif historique est souvent utilisé à tort ou à travers, personne ne peut nier que ces concerts du 24 février 1961 l'ont été effectivement. Sous la dénomination Festival Mondial du Rock and Roll, deux spectacles ont lieu ce vendredi avec les italiens Little Tony & His Brothers, l'antillais londonien Emile Ford & The Checkmates, la teenage idol de Philadelphie Bobby Rydell et, côté français, deux chanteurs qui promettent: Frankie Jordan et Johnny Hallyday (orthographié avec i comme cela était à l'origine avant qu'une faute sur son premier EP lui valent deux y) ainsi que les Chaussettes Noires qui triomphent déjà deux mois à peine après leur apparition sur un marché explosif. Ce jour inaugure l'apparition du rock français comme un phénomène en pleine expansion. Plus qu'une mode, c'est une nouvelle vague qui s'avère une véritable lame de fond, un moteur pour un changement durable de l'organisation sociale et des rapports entre les générations. Les premières prémisses des bouleversements profonds qui caractérisent cette décennie extraordinaire. Les jeunes existent comme un groupe homogène avec qui il faut compter, une classe d'âge qui correspond à une identité collective soudée par une passion commune pour une musique qui fait sauter tous les carcans sociologiques. Ce ne sont plus seulement de jeunes adultes en route vers une intégration résignée voire - plus ou moins - heureuse. Les vibrations sauvages et galvanisantes du rock, aimées par une grande partie de la jeunesse, signifient pour tous ces fans, des plus superficiels aux plus sincères, une simple phrase: on existe !

    Sur un plan plus showbiz, il s'agit du premier spectacle parisien typiquement pour jeunes organisé à une vaste échelle, en dehors de la hiérarchie dominante des music-halls parisiens: Olympia, ABC, Alhambra, Bobino ou Théatre de l'Etoile. Un certain mystère plane sur la genèse de cet évènement. Roger de Mervelec, le producteur-animateur de la radio d'Etat, est considéré comme l'organisateur. Cependant, Maurice Achard, donne une version différente. Selon lui, Claude Wolf, attaché de presse de Vogue, et mentor puis mari de Pétula Clark (présente en spectactrice au Palais des Sports), aurait prétendu à De Mervelec qu'un tel festival de rock ferait le plein, début 1961. Ce dernier - programmateur de Jazz Dans La Nuit sur France 1 (ex-Paris Inter et futur France Inter) - refuse alors de passer Johnny Hallyday dans son émission, et lance un défi à Claude Wolf: " Pourquoi ne l'organises-tu pas ? ". Les réelles responsabilités restent floues. En outre, Selon Maurice Achard, Daniel Filipacchi apporte une aide précieuse pour la publicité. A première vue, cela peut paraître curieux car il est déjà le fer de lance d'une radio périphérique concurrente avec Salut Les Copains. Mais son aide est rendue possible par sa qualité de directeur artistique chez Decca, le label de Frankie Jordan, dont l'affichage parisien pour ces shows est impressionnant. Quoi qu'il en soit, Roger de Mervelec diffuse le concert - en partie - dans Jazz Dans La Nuit le dimanche 26 février 1961.

    Michel Ringot ne garde pas de souvenirs très précis du concert qu'il a photographié. Un autre jeune disciple de Niepce, Gilbert Deloisy, frère du chanteur-batteur de rock'n'roll Patrick, des Crazy Legs, se souvient d'une journée hors du commun, avec une température estivale, en plein hiver. Vêtu d'un polo, il assiste au show du soir. Il est impressionné par la mise en place des Chaussettes Noires et confirme le triomphe de Johnny Hallyday. Gilbert Deloisy n'a vu aucun affichage parisien, et se remémore une publicité plutôt discrète. Mais ce qui le frappe, outre la musique, c'est une ambiance déchaînée mêlée à un je-m'en-foutisme total voire une impression de détresse. Plusieurs jeunes sont sur le point de partir pour l'Algérie et il ne faut pas oublier que ces années dorées sont aussi celles des attentats de l'OAS. Certains vont traverser une crise profonde à la veille de leur départ: sans doute un mélange d'excitation et d'angoisse, et ceux-là  se lâchent lors de ce concert exceptionnel du rock naissant en France. Plus de barrières, d'inhibitions, demain on peut vraiment mourir. Ceci n'a rien à voir avec les poseurs de la génération Saint-Germain-des-Prés des années précédentes, les glandeurs sympathiques qui disaient: " On s'en fout, on n'a rien à perdre, demain la bombe atomique fera tout péter. " Une attitude romantique et intellectuelle bien éloignée de la sueur et des vibrations qui font du Palais des Sports un chaudron. Ce témoignage est touchant: il est basé sur une réalité humaine: la mémoire émotionnelle. En gardant une passion profonde, en parvenant à retrouver en soi-même des instants vrais, on peut mieux résister à une certaine pression sociale et à une prédominance du virtuel dans tous les domaines de la vie. L'amour du rock, c'est également cela.

    Pour tenter de reconstituer aussi exactement que possible l'histoire de ce festival double, il faut se plonger dans la presse d'époque qui en assure une couverture importante. La Discographie Française publie un beau reportage dans son N°91 du 1er mars 1961. Le long titre est tout un symbole: " On ne pensait pas que c'était possible en France... Fanatisme et hystérie au 1er Festival de Rock'n'roll. " Le chroniqueur mentionne plus de 5000 jeunes. " En un rien de temps la salle s'est transformée en arène, les chanteurs en taureaux et les photographes en toreros. Dix projecteurs traversaient mal la fumée des cigarettes, si bien qu'on préféra tenir la salle allumée. Et ça valait le coup d'oeil: ça n'était que hurlements, bras levés, piétinements. " Little Tony ouvre le show de l'après-midi, dans une ambiance déjà déchaînée. Une photo de Little Tony comporte une légende spécifiant qu'il a accepté de se sacrifier en passant le premier, avant les Chaussettes Noires en smoking lie-de-vin. Les chanteurs sont quasiment inaudibles: " Leurs voix sont aiguilles dans un tas de foin. " Emile Ford, dont il n'est pas précisé que c'est un artiste noir, arrive avec ses Fordettes, deux danseuses et choristes: " Ils paraissent désemparer la foule par une prestation de qualité qu'elle n'avait pas demandée. " Ensuite, c'est au tour de Frankie Jordan. Lors d'une interview de Frankie le 2 juin 1997, il se souvient que les désordres ont débuté durant sa prestation, effectivement sauvage, au point de jouer du piano avec ses pieds comme Jerry Lee Lewis. Ce qui est confirmé par La Discographie Française: " Au piano, Jordan se déchaîne et la police se rue dans la salle. Ca commence à cogner. Coups de poing, invectives rehaussent encore les couleurs d'un tableau qui n'en manquait pourtant pas. Les premières rangées de fauteuils se soulèvent, s'ébrouent et retombent comme de gros poissons. Regard fixe des filles qui se donnent au rock et regard morne des agents qui les surveillent. " Bobby Rydell calme un peu le jeu, malgré son tube " Wild One ", c'est un rocker plus civilisé, qui se rapproche de plus en plus de la variété. On a pu dire de Bobby Darin qu'il était une synthèse de Frank Sinatra et Elvis Presley. A un autre niveau, c'est un peu le cas de Bobby Rydell. L'apothéose survient: " Et quand enfin Johnny Hallyday viendra se rouler sur le podium, au milieu de ses cris, de sa guitare et de ses chansons, on aura l'impression que la foule ovationne son Dominguin. C'est lui le dieu de l'arène. Ses frémissements convulsionnent la foule qui glisse à terre avec lui, le dévore des yeux, se mouille de sa transpiration: il est le seul rock and rolleur français de la soirée. Quand il fera tomber sa veste, on aura l'impression d'assister à un culte étrange à la limite de la crise mystique. La foule ne voudra pas le laisser partir. " La légende d'une photographie mentionne: " Une tentative de putsch, Richard Anthony. " Celui-ci, en costume cravate on-ne-peut-plus classique, est tiré par ses fans vers le podium. Mais rien n'est dit sur l'épilogue de cet incident, dont il sera question plus loin.

    Dans son N°619 du 18 février 1961, Paris-Match publie un écho, dans sa rubrique Télégrammes: " Vingt blousons noirs feront le service d'ordre du Festival Mondial de Rock (24 février, Palais des Sports). " Le 4 Mars, le N°621 précise qu'à cette occasion Johnny Hallyday a été gardé par 67 agents en uniforme. Il y a ensuite un mini-reportage dans le N°622 du 11 mars. L'article d'Honoré Bostel se contente de souligner le contraste entre le festival de rock du vendredi et celui du dimanche 26, au même endroit, qui accueille les participants au tout récent Festival de San Remo, sauf Little Tony et Adriano Celentano. Ce dernier a co-créé le fameux " 24 000 Baci ", classé 2è à San Remo et promptement repris par Frankie Jordan, Johnny Hallyday et Dalida en " 24 000 Baisers ". Les titres en exergue sont melodici contre hurlatori (au lieu d'urlatori !), sans commentaires musicaux, avec photos de Johnny, des Chaussettes Noires et des fans.

    Plus consistant, le reportage du N°507 de l'Express, du 2 mars 1961, sous la plume de Michèle Manceaux, mentionne 5000 jeunes: deux tiers de garçons et un tiers de filles ! La journaliste ne peut les interviewer: " De toute la soirée, je n'ai d'ailleurs pas pu leur sortir une phrase intelligible. Juste des bredouillements, des onomatopées, des j'sais pas. Alors le rock, ça vous plaît ? ... J'sais pas. Quel est celui des chanteurs que vous préférez ? ... J'sais pas. " Mais suite à ceci, Manceaux ajoute: " Aux cris, aux délires, aux transes, j'ai quand même pu mesurer que c'était Johnny Hallyday, qui a terminé la soirée en se faisant porter en triomphe par sa garde personnelle de blousons noirs. " Le show débute avec Little Tony, décrit en premier. Il porte un complet de shantung gris argent. " Le petit jeune homme soigneusement bouclé, cravaté, commence à se trémousser. Ses jambes sont écartées, son ventre projeté en avant. Ce qu'il chante est absolument inaudible. De toute la soirée, je n'ai pas compris une seule parole, sauf celles d'une chanson qui s'intitule " Tu parles Trop " et dont les couplets sont assez ingénieux. " Après avoir relaté brièvement l'action vigoureuse des judokas, d'anciens blousons noirs repentis chargés du maintien de l'ordre, Michèle Manceaux donne une description savoureuse d'un certain quintet: " Les Chaussettes Noires, cinq garçons menés par un rouquin, coiffé de crans vaporeux à la Clara Bow, se secouent de face et de dos. Le rouquin agite aussi ses bras, mais les autres manient des objets extra-plats couverts de strass, les guitares à rock. Ils braquent sur la foule, comme une mitraillette, le long manche de cet objet hideusement moderne. " L'hystérie se renouvelle avec les autres, dont Frankie Jordan, présenté comme un marocain !, qui aurait touché 14 500 F. Selon son témoignage, son cachet normal d'alors, tous frais payés, était de 8000 F. Frankie confie à la journaliste: " Je joue du Bach, c'est mon musicien préféré, mais avec le jazz j'ai pensé que ça irait plus vite. Ne me jugez pas trop aujourd'hui, parce que, ce soir, on m'a dit: Faut en montrer ! " Un Jordan dont les modèles sont plus Fats Domino, et surtout Ray Charles, qu'Elvis Presley ou Jerry Lee Lewis.

    Manceaux le retrouve après son passage triomphal et demande à l'étudiant-dentiste déchaîné: " Qu'est-ce que vous éprouvez quand vous chantez ? Une grande jouissance morale, me répond-il. A la question: Que veut votre public ? Un manager [non cité] répond: Oh ! C'est simple, matière à excitation. " Puis elle rencontre le triomphateur du jour qui se vieillit un peu: " Johnny Halliday me dit qu'il a 19 ans, qu'il touche 25 000 F ce soir, qu'il a les miches. A mes autres questions, il répond par des hochements, des on verra dubitatifs. " Dans la salle, il n'y a pas que des jeunes fans anonymes et des bandes venues de tous les coins de Paris, on y trouve aussi: " Carné, entouré de quelques " Terrain Vague " et Antonioni, à qui je rapporte les paroles de Frankie Jordan: Une grande jouissance morale... Quel siècle bizarre ! C'est sans doute vrai. Comme les photographes font partir des flashes autour de Monica Vitti, les blousons s'approchent et réclament des autographes. (...) Les garçons s'éloignent: Merde, c'est pas la Bardot. " Michèle Manceaux termine en évoquant des bagarres vite réprimées, tout cela sans raison, un étrange abcès. La conclusion correspond - injustement - au vieux proverbe: in cauda venenum. Elle rapporte: " Un photographe, en s'en allant, soupire: Quand je vois ça et quand je vois Mein Kampf, j'ai aussi peur. " Plusieurs photos illustrent l'article, dont une de Johnny Hallyday couché et surplombant la scène, à côté d'une contrebasse. Un cliché reproduit dans... L'Express, en novembre 2002, dans un article concernant Hallyday - et situé... au Golf Drouot ! A propos de cet hebdo, le N°523 du 22 juin 1961 publie un débat entre Lucien Morisse, Daniel Filipacchi et Frankie Jordan, suite à la deuxième manifestation de rock de juin 1961, au Palais des Sports. Frankie est considéré comme l'intellectuel du rock, vu son statut d'étudiant-dentiste, ce qui l'a également conduit à défendre, sur Europe N°1, la cause du rock, menacé d'interdiction sur demande d'un député. Dans l'Express, il déclare avec franchise: " Il ne m'arriverait jamais, si ce n'était pas par intérêt professionnel, d'acheter Richard Anthony, les Chaussettes Noires... ou même Frankie Jordan ! Je ne devrait pas le dire, mais, pour l'instant, je ne m'achèterais pas ! "

    Grâce à L'Histoire En Direct, sur France Culture, lors du concert du 24 février 1961, d'après les archives de l'INA, Frankie chante non pas " Elle Est Passée ", son succès, mais " Wondrous Place " en anglais, le tube de Billy Fury adapté sous ce titre. Eduqué au jazz et au rhythm'n'blues depuis quelques années, il joue le jeu du rock en français quand il le doit, sans être vraiment convaincu. Quand le brouhaha brouille les paroles, et que ne subsistent que le rythme et l'excitation, il se lâche ! Une sincérité limite mais qu'il serait malvenu de lui reprocher puisque le public n'accroche jamais totalement à des français chantant en anglais, surtout pas en 1961. A propos d'Anglais, même le Melody Maker du 4 mars consacre un reportage à l'évènement. Tout l'accent est donc mis sur les émeutes, avec comme sous-titre 50 adolescents arrêtés. C'est durant la prestation de Frankie Jordan que les troubles débutent, ce qui entraîne un concert arrêté prématurément. Ceci paraît douteux: aucune autre source ne mentionne une interruption définitive, et l'hebdo anglais précise que cette fin se situe peu avant minuit. Or le second concert a commencé vers 21 heures. Côté musique, le Melody Maker prétend que le plus gros succès a été obtenu par Emile Ford, Little Tony et Bobby Rydell. Il n'y a nulle mention des Chaussettes Noires ni même de Johnny Hallyday. Les photos montrent Emile Ford, Bobby Rydell et Pétula Clark dans un grand manteau de cuir noir.

    Un autre magazine, Music-Hall, dans son N°3 (nouvelle série) d'avril, publie un reportage beaucoup plus détaillé et fiable sous la plume de Janine Eries qui, comme de nombreux autres reporters, décrit un crescendo permanent. Après les passages de Little Tony et d'Emile Ford - sans aucun détail musical - elle précise: " A l'arrivée des Chaussettes Noires, ils ont essayé de déborder le service d'ordre, pour pouvoir se rapprocher de leurs idoles, toucher le bas de leur pantalon, se coller à la scène, les enregistrer sur leur magnéto personnel. " Elle mentionne des judokas, en blouson et blue-jeans, pour la sécurité, ceci sans douceur. Puis arrive Bobby Rydell: " Ils ont commencé à danser, seuls ou en couples, sous les cris de leurs voisins, installés en grappes humaines sur les dossiers de leurs fauteuils. " C'est l'hystérie pour Frankie Jordan qui entonne " Tu Parles Trop ": " Ils déboulonnent 50 rangées de fauteuils. Des bagarres éclatent partout; les agents de police partent en commandos rapides dans tous les coins du Palais des Sports. " Avec Johnny c'est l'apothéose: " Maintenant, ils sont tous debout. Les judokas se démènent, les agents empoignent, bousculent, frappent. Une gosse de 14 ans a pu se faufiler jusqu'à la scène, caresse les chaussures de Hallyday et murmure: Comme tu es beau, Johnny. " Et c'est la fin du show. Janine Eries ajoute que les jeunes sont heureux et comblés. Dehors, les bandes se reforment. " Ils n'ont pas fini d'en parler, du Festival du Rock ! " Il n'y a pas la moindre mention d'incidents. De jolies photos illustrent l'article: Little Tony assis sur scène, Emile Ford et ses Fordettes. Eddy Mitchell aussi: agenouillé, penché en arrière sur une main, l'autre bras brandi en l'air. Ce qui correspond à un des mouvements d'ensemble que leur chorégraphe Scott Douglas a enseigné aux Chaussettes Noires. Ils dispensent, malgré leur peu de professionnalisme au début, une frénésie très joliment stylisée. Ce ne sont pas seulement de jeunes rockers déchaînés mais de vrais artistes, même débutants. Un autre cliché montre également Johnny sur le sol.

    En exergue du reportage principal, on trouve un commentaire sur la fameuse polémique Johnny Hallyday-Richard Anthony. La presse quotidienne ayant présenté le show comme devant opposer les deux vedettes en une sorte de match, les firmes de disques ont pris peur, et Richard a été retiré du programme. Ce qui donne lieu à des commentaires aux sens divers. Music Hall publie une interview de Richard Anthony: " Pourquoi n'avez-vous pas participé au Festival du Rock ? Vous étiez dans la salle, ce soir-là. Pourquoi n'avez-vous pas chanté lorsqu'on vous a hissé sur la scène ? - Parce que je n'ai pas été prévenu. J'ai appris par la presse qu'il y avait un festival avec un match Anthony-Hallyday. L'idée n'était pas très heureuse. Pourquoi organiser une corrida ? J'ai demandé que l'on retire mon nom des affiches. On a dit que je me dégonflais. Pour montrer que c'était faux, je suis allé en spectateur au festival, et mon orchestre prévenu m'attendait dans les coulisses. Quand les admirateurs m'ont monté sur la scène, j'étais prêt à chanter. Mais on avait coupé les micros. Puis des judokas, fans de Hallyday, m'ont fait descendre, en frappant certaines personnes qui étaient avec moi. De toute façon, je ne regrette pas de ne pas avoir participé à ce festival. Ce soir-là, il suffisait de taper des mains et d'avoir un bon orchestre derrière soi pour les déchaîner. Dans le fond, je suis plus un chanteur de rythme qu'un chanteur de rock. " Bien entendu, un autre son de cloche est sollicité, celui de Johnny. " Savez-vous pourquoi Richard Anthony n'était pas au Festival de Rock ? Sont-ce vos admirateurs qui l'ont forcé à descendre de scène ? - Je l'ignore. On lui a demandé, mais il a refusé. J'aurais été ravi qu'il participe. Je crois qu'il n'a pas osé participer à la compétition. Je ne m'explique pas sa présence au Palais des Sports, encore moins celle de son orchestre. Ce ne sont pas mes admirateurs qui l'ont fait descendre de scène, mais des judokas engagés pour empêcher quiconque de monter sur la scène. Ces jeunes sont en réalité des anciens paras; ils ont rudement bien rempli leur tâche ce soir-là, parmi eux, je compte d'ailleurs mes meilleurs amis. " Tout ceci est un peu confus, et la position de Johnny assez ambiguë !

    Jours De France N°330 du 11 mars publie un long compte rendu de Marcel Mithois qui qualifie le show de deux heures d'apocalypse. Peu d'informations nouvelles, mais il note qu'Emile Ford est hué par la foule pour avoir interprété deux titres d'inspiration sud-américaine. Comme il ne distingue pas la voix, malgré le vacarme ambiant, il prédit: " Enfin... si son ramage ressemble à son jeu de jambes, Johnny Hallyday ira loin. " Dans Cinémonde N°1325, du 21 février, Richard Anthony confirme son opposition à une idée de match, apparentant les chanteurs à des boxeurs, et il se dit artiste de rythme et non pas de rock. Enfin, un autre hebdo, La Presse Magazine N°801, du 13 mars, évoque l'évènement. Sous le titre Les Chaussettes Noires font la paix avec Johnny Hallyday, il précise que les fans de l'un et des autres ont failli en venir aux mains au Palais des Sports. Le guitariste William Benaïm, mettant fin à ces hostilités, déclare: " Il y a de la place pour tout le monde. D'abord, le public de Johnny n'est pas le même que le nôtre. Ses fans ont entre 12 et 15 ans. Les nôtres ont a peu près le même âge que nous. " Dans le N°810, du 15 mai, La Presse Magazine consacre un article à Richard Anthony qui relate l'incident du Palais des Sports: " Reconnu dans la foule en haut des gradins, il atterrit à plat ventre sur scène après un vol plané au-dessus des agents au pied du podium. On dut couper l'électricité. "

    Le 13 février,  Paris-Jour entame la polémique Johnny-Richard après avoir annoncé le fameux match. Dans cette édition, Richard Anthony se défend: " Je ne suis pas un lâche. C'est par vous que j'ai appris que je figurais sur l'affiche du Palais des Sports. Renseignements pris, j'ai su que l'on m'offrait généreusement... 25 000 AF, alors que mon orchestre, à lui seul, me coûte le double. D'ailleurs, je participe le même soir à un gala à Lyon, dont le contrat est signé depuis longtemps (25 000 NF). Je suis prêt à rencontrer Johnny Hallyday. Mais je me considère comme un artiste et non comme un catcheur se battant à coups de guitare. " Dans son édition du 22 février, le quotidien égrène les mesures de sécurité prévues: 72 agents dans l'enceinte du Palais des Sports et, à  l'extérieur, cinq cars de police avec 120 agents prêt à intervenir sur appel téléphonique. Et 120 blousons noirs repentis, judokas éprouvés. Roger de Mervelec déclare: " Il n'y a rien à craindre pour le matériel du Palais des Sports: les fauteuils sont en bois ignifugé, montés sur métal et rivés dans le béton. De plus, la disposition de l'enceinte ne permet pas le regroupement d'éventuels agitateurs. " Curieux, quand on songe aux dégâts et aux incidents qui ont émaillé les trois Festival en ce lieu, surtout celui de novembre avec les Chats Sauvages et Vince Taylor. Selon Paris-Jour, le programme comporte en outre l'US Air Force Jazz, vingt américains dont cinq noirs, en service dans l'aviation. La critique mentionne pour le premier show du 24 février " 2000 spectateurs qui faisaient du bruit comme 5000 qui en valaient bien 20 000. " Confirmation, le triomphe de Johnny: " Tel un jeune dieu barbare, il lançait dans l'ombre tumultueuse des vociférations scandées auxquelles répondaient les hurlements et les sifflets d'un choeur de 5000 jeunes exaltés. Mais quand il se mit à genoux et qu'il se roula dans les fils des micros, ce fut le moment suprême. Toute la salle était debout et les agents de police faillirent, cette fois, perdre leur calme. Il s'en fallut de peu. Pourtant il n'y eut ni mort ni blessé. Charmante jeunesse ! " Au-delà du lyrisme ironique, on constate que les 2000 spectateurs annoncés en début de critique deviennent subitement 5000 ! A moins que le critique n'ait vu les deux shows et fasse allusion au deuxième !

    Dans le même journal, l'édition du 27 février publie un écho surprenant: " Quand les blousons noirs se mettent à jouer les cabots. " A 21 heures, Johnny Hallyday, Bobby Rydell, Emile Ford et Little Tony (Frankie Jordan n'est pas mentionné) auraient voulu faire passer les Chaussettes Noires, qualifiés d'amateurs, en premiers. Ceux-ci remballent alors leurs instruments. A 21h30, Roger de Mervelec arrive, consterné, chez les pros: " Les Chaussettes Noires refusent de passer... et ils vous attendent à la sortie ! " A la suite de quoi, sous la pression des autres, Little Tony aurait accepté de passer en premier. Tout ceci au conditionnel. Little Tony a inauguré au minimum un des deux shows. De son côté, William Benaïm assure ne pas se souvenir de cette situation tendue, même si La Discographie Française évoque également (voir plus haut) un Little Tony acceptant de se sacrifier en ouvrant le concert. Paris-Jour raconte que Marcel Carné a littéralement été dévêtu par les blousons noirs - les rôles sont renversés ici (!) - aux cris de " V'là l'gars de la Nouvelle Vague ! " Une anecdote sans doute fantaisiste, comme celle qui clôture l'écho, à propos de Richard Anthony se précipitant sur scène à la fin du passage de Johnny en criant : " C'est à moi, maintenant, je passe en vedette ! " Ceci avant d'être mis à la porte par la police. Enfin, Roger de Mervelec invite 25 personnes à l'Elysée-Matignon où plus de 50 s'immiscent. Johnny Hallyday y arbore un beau manteau de cuir noir: l'uniforme du blouson arrivé !

    Avec une bio fantaisiste de Johnny, encore américain selon L'Aurore, ce journal, dans son édition du 21/22 janvier, annonce aussi un match de rock'n'roll Johnny Hallyday Hallyday-Richard Anthony, pour la date du 25 (non 24) février. On peut penser que le samedi a d'abord été envisagé. Le 15 février, le quotidien - incorrigible - annonce que Ray (!?) Anthony étant indisponible, c'est Bobby Rydell qui le remplacera le 25 comme adversaire de Johnny Hallyday ! La critique, elle, ne mentionne que 1500 fans. Outre des descriptions semblables à celles déjà relatées, Jacqueline Leulliot cite l'US Air Force Jazz, ensuite les Chaussettes Noires, puis Emile Ford et Little Tony. Un ordre de passage non garanti. Elle évoque un délire qui débute particulièrement avec Frankie Jordan: " Après " Clin D'Oeil ", Frankie Jordan, à genoux devant le piano, dont il continuait de jouer, semblait ne plus pouvoir se relever. " Bobby Rydell incite les trois quarts des gens à danser. Johnny Hallyday chante sept titres pendant trente minutes et triomphe: " Guitare sous le bras, smoking en lamé, dès son succès " Souvenirs, Souvenirs " les fans s'étaient groupés devant l'estrade, chantant, tapant du pied. Et les six nouvelles chansons de Johnny, peu de spectateurs purent les entendre, tant le public hurlait (de joie). "

    Le Figaro du 17 février évoque le fameux match, également annoncé pour le samedi 25. Il paraît donc évident que le vendredi 24 fut une solution de remplacement pour une raison inconnue. Le journal annonce: " N'estimant pas sa préparation suffisante, Ray Anthony a déclaré forfait. " Dans les artistes prévus figurent le grand saxophoniste Michel de Villiers ! Impossible de savoir avec qui il a joué. Quand Frankie Jordan martèle " Wondrous Place ", il est accompagné par un saxo douloureux à entendre tant il est faux ! Si c'est Michel de Villiers, il devait avoir envie de plaisanter aux dépens de la foule ! La critique de Paul Carrière est illustrée d'une photo des Chaussettes Noires avec Eddy assis sur une chaise entre deux des guitaristes, sous-titrée: " Punch et pieds en avant au Festival du rock and roll ". Parmi les éléments non signalés ailleurs, il cite la présence de grands-mères avec hauts talons et chapeaux. Les blousons noirs sont en raréfaction au profit de couleurs tango, marron, canari ! Emile Ford a une chemise d'or et huit musiciens. Il livre du rock à retardement (conservé dans les archives de l'INA): " O Sole Mio " (" It's Now Or Never "), avec une mélodie soudain accélérée. Les jeunes dansent pour Bobby Rydell. Johnny Hallyday en spencer lamé triomphe et doit être séparé de ses fans par la police. Ils prenaient la scène d'assaut. Après le show une cinquantaine de turbulents sont embarqués par les agents. Paul Carrière ne précise pas de quel concert il s'agit.

    France-Soir, lui, fait état de 49 blousons noirs appréhendés et mentionne les dégâts occasionnés à la station de métro Porte de Versailles. Une fois de plus le titre met l'accent sur les désordres: " Graine de violence au Palais des Sports. Cinq mille fanatiques déchaînés pour le festival de rock and roll ". Ceci ne concerne pas le show de l'après-midi, bruyant mais sans incident. Celui du soir engendre des bagarres pour s'approcher au plus près de la scène. Le critique Willy Guiboud mentionne les Chaussettes Noires en premier, mais pas Little Tony. Paroles inaudibles. Il cite le Français Johnny Hallyday, comme quoi certains journalistes moins naïfs ou complaisants n'ont jamais gobé la fable du teenager yankee né à Tulsa. Il y rappelle Frankie Jordan jouant du piano avec les pieds, Johnny se roulant par terre en chantant et Richard Anthony, non prévu, sautant sur la scène et vidé assez brutalement par la garde de blousons noirs du héros de la soirée: Johnny Hallyday. Donc, un service d'ordre pas neutre du tout, selon ce journaliste. Ce que nie avec un peu de mauvaise foi Johnny (voir son interview dans Music Hall). Enfin la critique dans l'ancien quotidien, Libération (aucun rapport avec l'actuel) ne souffle mot des artistes, n'évoquant que la violence. C'est le même topo dans Combat selon qui 45 jeunes gens sont embarqués pour vérification d'identité après les dégâts occasionnés Porte de Versailles.

    Comme précisé, une partie de ce festival a été diffusée par France 1 le dimanche 26 février dans Jazz Dans La Nuit de Roger de Mervelec. Little Tony n'a droit qu'à un seul titre. Les points forts pour les étrangers sont les versions de " It's Now Or Never " d'Emile Ford & The Checkmates, et " When The Saints " et " Volare " par Bobby Rydell. Il est annoncé comme arrivant tout droit de Hollywood, ce qui est faux car il se produisait alors pour des concerts et télévisions en Angleterre (Sunday Night At The London Palladium sur ATV, le 19 février) et en Europe, avec même un passage à l'aéroport belge de Zaventern ! On entend Frankie Jordan puis les Chaussettes Noires dans " Eddie Sois Bon ", qui vient de sortir, et, " Be Bop A Lula ", dont peu de fans connaissent alors la version de Gene Vincent. Johnny Hallyday, lui, chante ses premiers succès. Il est accompagné, selon Maurice Achard par les musiciens de studio qui jouent sur le super 45 tours " Kili Watch ". En effet, dans le livre " Lee Hallyday Raconte Johnny " (Union Générale d'Editions, en 1964), son mentor révèle que Louis Belloni, batteur des Golden Strings, était indisponible lors du festival. Jean-Pierre Martin tient la guitare solo et Johnny la rythmique. Une contrebasse figure dans l'orchestre: celle d'Antonio Rubio ou non ? Les marseillais Louis Belloni et Antonio Rubio ont été engagés pour accompagner la jeune vedette après ses concerts triomphaux à l'Alcazar de Marseille en novembre 1960. Après avoir hésité à quitter la Canebière, ils montent à Paris rejoindre Johnny Hallyday. Mais si Louis Belloni n'est pas là en février, honorant des contrats signés avant son adjonction à l'équipe de Johnny, en est-il de même pour Antonio Rubio ? On se perd en conjectures. La journée historique du 24 février 1961 entraîne, dès avril, la sortie de son deuxième 25 cm, " Johnny Hallyday Et Ses Fans Au Festival De Rock n'Roll ", avec des titres retravaillés en studio pour obtenir un son aussi professionnel que possible. Une publicité pleine page paraît dans le N°93 de La Discographie Française, du 1er avril, avec un slogan racoleur et ingénieux: " Le disque que vous avez enregistré avec Johnny Hallyday et ses fans au Festival de Rock n'roll ". L'époque de Luis Mariano ou Yves Montand - sans remettre en question leur talent - s'éloigne. Même Gilbert Bécaud et Sacha Distel - bien qu'ils le nient - prennent un coup de vieux. Côté télé, c'est le vide. Selon les conducteurs de l'INA, rien n'apparaît à ce sujet dans les journaux télévisés des 24 et 25 février. Le court-métrage " A La Mémoire Du Rock " de François Reichenbach est une compilation de scènes de spectacles rock, notamment filmées au Palais des Sports. Johnny et les Chaussettes y sont visibles, mais des plans sont issus des concerts de juin 1961, suite à la mention Surboum géante du rock à l'entrée du Palais des Sports, et des images furtives des Travellers (et de fans avec blouses à leurs noms !). Or ce duo écossais ne s'est produit qu'en juin, et non en février. De très belles images muettes de Vince Taylor proviennent on ne sait d'où ! Il n'y a aucun détail de ce genre au générique. Au cinéma, les actualités Gaumont consacrent une séquence aux spectacles du 24 février, mais rien chez Eclair. Si aucun DVD n'est réalisable, un CD basé sur les archives de l'INA pourrait replonger les fans dans cette atmosphère tendue, joyeuse et magique qui correspond à une manifestation éclatante d'une jeunesse qui jamais ne se résoudera tout à fait à disparaître.



    _______________________________________Christian N.   


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  • Reportage de Jean-Claude Berthon pour France Disques:

     

     

    UN SPECTACLE TRES MOYEN

     

    "Concentration Rock" tint l'affiche durant trois jours à l'Olympia la semaine dernière. Et l'on en attendait beaucoup mieux que cela. Le plus applaudi de tout le spectacle fut sans doute Milou Duchamp, c'est dire la qualité des " vrais autres groupes de rock n'roll ".

         En première partie, Johnny Taylor, habillé d'un costume rouge, interprète un "Jezbel" très convaincant, tandis que son groupe The Strangers jouait "Telstar" en instrumental. Arielle et Billy Bridge étaient égaux à eux-mêmes. Tony Milton fut en quelque sorte une révélation, mais seulement de nom, car de voix, il rappelle trop Ray Charles. Néanmoins, il possède de très belles chansons et un très bon jeu de scène.Quant à Danny Boy, il a dû retirer "J'entends siffler le train" de son tour de chant, le public du samedi soir l'ayant sifflé tout au long de son interprétation qui est d'ailleurs très valable.

         Deuxième partie, José Salcy accrocha son public avec "Je suis né pour pleurer". Gillian Hills, elle, n'a toujours pas changé les chansons de son répertoire et n'a guère fait de progrès si ce n'est la présence en scène. Pour Les Chats Sauvages et leur nouveau chanteur Mike Shannon, il vaut mieux être indulgent cette fois-ci et attendre leur prochain passage dans un autre music-hall parisien. Mike a semblé avoir certaines qualités vocales, mais elles furent gâchées par son inexpérience de la scène.

         Ce sont Les Champions qui passaient, en instrumental, en intermède de chaque numéro, qui sortaient leur épingle du jeu finalement. Ils ont travaillé très dur et mérite une bonne critique :

    Les Champions vous êtes les plus fort en France !


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  • Reportage Jean-Claude Berthon pour Disco-Revue:



    JOHNNY HALLYDAY A FAIT TRIOMPHER SA JEUNESSE DEVANT LE "TOUT-PARIS"

     


    " Je cherche une fille, oh, oh, oh; je cherche une fille, yé, yé "...

         On était anxieux. Cette première chanson interprétée par Johnny ne fut accueillie que par des applaudissements superficiels. Convient-il de préciser que ce soir-là, 70% au moins de l'audience avait une moyenne d'âge située entre 30 et 35 ans, et que ce fut le premier choc. Ce contact direct fit chuchoter : " regardez cette façon de se trémousser, quelle allure ! ".

         Puis Johnny s'adressa au public pour lui dire combien sa joie était grande de pouvoir interprêter un rock'n'roll composé de toutes pièces par son meilleur ami, Charles Aznavour.

         Le coup de " baguette magique " était donné. On prêtait une attention prononcée aux paroles, au rythme. On acceptait l'expérience. On applaudissait sans réserve.

         Maintenant que le public était confiant, il fallait jouer serré. Johnny sorti sa meilleure carte. " Avec une poignée de terre ". On  n'avait pas lésiné sur l'éclairage, les choeurs et accompagnements qui permirent à Johnny de donner le second choc définitif.

         La salle fut frappée au coeur, d'un coup mortel. La voix du chanteur changea soudain. L'instant devint pathétique ! Il modelait en nuances vocales la création du premier homme (thème de la chanson). Madame sécha une larme qu'elle n'avait même pas sentie glisser sur son maquillage tant ce jeune ressentait ce qu'il était en train d'interpréter. Elle était absorbée, oubliait son âge et semblait " vivre ".

         On avait compris. Ce jeune de 18 ans est plus qu'un talent. C'est une personnalité, présente et réelle. Rock'n'roll et twist succédèrent et la surprise fut générale quand, étant sur le point de chanter sa dernière chanson, Johnny dit : " Et maintenant, je vais vous interpréter quelque chose de plus doux, de romantique...". On était tellement subjugué que l'on protesta.

         " Tutti frutti " fut la réponse Hallyday. Réponse qui se solda par une autre réponse de la part du public dont 80% frappait en rythme dans les mains, tapait du pied et criait, tout comme pour s'extérioriser et retrouver une jeunesse perdue.

         L'autre grosse surprise de la soirée fut réservée au service d'ordre qui n'eut à intervenir qu'une fois : durant " Tutti frutti ", deux hommes placés au beau milieu de la salle, et dont l'âge était d'environ trente ans, s'étaient levés pour manifester leur joie débordante.

         En conclusion, nous dirons que le spectacle est d'une qualité rarement atteinte dans le music-hall. Au cours de la première partie, nous avons remarqué spécialement "LES GHESSI" acrobates, GILLIAN HILLS qui interpréta avec beaucoup de rythme "Allons dans le bois", puis avec beaucoup de malice " Zou bisou bisou ". Enfin, "LES BRUTOS".


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  • Reportage de Valérie pour Disco-Revue:

     


    10.000 fans dans une salle gigantesque " The Wembley Empire Pool ". Le plus grand spectacle de l'année. Les plus grandes vedettes du disque anglais 1961.

    Ce rendez-vous colossal fut organisé par la revue hebdomadaire du disque anglaise "The new musical express".

    Plutôt que de vous décrire tout le spectacle, nous vous présentons les seuls chanteurs que vous pouvez être appelés à connaître en indiquant quelques détails biographiques et les titres des chansons qu'ils interprétèrent ce jour-là.

    Parmi les autres vedettes qui figuraient également : John Leyton, The Allisons, The John Barry Seven, The Temperance Seven, The Brook Brothers, Billy Fury, Bob Miller and his Millermen et Bob Wallis Jazzmen.

     

    EDEN KANE

    Né à Delhi le 29 mars 1942, il fit ses débuts cette année même à la T.V. anglaise. Son disque " Well I ask you " monta numéro 1 dans les bourses spécialisées. Son nouveau titre " I get lost " semble suivre le même chemin.

    CLIFF RICHARD et THE SHADOWS

    Inutile de vous les présenter. The Shadows jouèrent seuls " Apache ", " The frightened city " et " FBI ", puis accompagnèrent Cliff dans " Living doll ", " What'd I say ", " A girl like you ".

    JESS CONRAD

    La personnalité la plus marquante de l'année. Né à Londres le 24 février 1940, il vendait des fleurs sur les trottoirs de Marble Arch à Londres, il y a deux ans. Il interpréta entre autre " Mystery girl " et " Cherry pie ".

     ADAM FAITH

    Voilà maintenant deux ans que Adam Faith fait des best-sellers en Angleterre. Il est né à Acton (Londres) le 23 juin 1940. Accompagné par la formation de John Barry Seven, il interpréta " Easy going me ", " I could write a book ", " Johnny comes marching home " et " Big time ".


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