Être jeune, en 1962, est déjà une spécialité qui se confond avec « être rock ». D'où la fabrication d'un produit, kaléidoscope, véritable mosaïque d'images, d'attitudes, de comportements. En juillet 1962, paraît le n° 1 de Salut les copains. SLC a tout pour réussir : l'émission de radio quotidienne sur Europe N°1 crée une complémentarité exceptionnelle avec le mensuel, et la conjonction de compétences professionnelles uniques : Daniel Filipacchi, Franck Ténot, Régis Pagniez, Andréa Bureau, Raymond Mouly et Jean-Marie Périer. Pagniez excelle dans l'art de raconter une histoire et construire une dramaturgie. Climats, repos, ruptures, rebondissements : tout s'organise autour de l'image. Le texte habille, le titre accroche : « Pourquoi si triste, Gene ! » (Vincent). Le tirage attendra 1 million d'exemplaires en juillet 1963. SLC n'enseigne pas la révolte à ses lecteurs (lecteurs que Franck Ténot définit en blaguant par la formule suivante : « de la première communion au mariage en passant par le brevet élémentaire et le service militaire »). On y parle d'argent de poche, de parents et même d'objection de conscience. On y enseigne aussi le Johnny Hallyday (contre le Vince Taylor). En 1963, une déferlante de magazines d'obédience catholique, communiste (ou simplement opportuniste) envahit les kiosques à journaux : Formidable, Age Tendre, Nous les garçons et les filles, Bonjour les amis … Le phénomène s'est banalisé. En 1966, SLC devient un magazine de variétés franco-françaises et perd toute identité rock.
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