De toutes les fleurs aux mille couleurs,
C'est bien elle la plus jolie.
Oui, Rose-Marie, semble à nos yeux
Une rose au parfum merveilleux.
Et par ce charme adorable, exquis,
Chacun se sent aussitôt conquis.
{Refrain:}
Oh ! Ma Rose-Marie,
Les fleurs de la prairie
Se penchent devant toi lorsque tu passes,
Comme pour s'incliner devant ta grâce.
L'oiseau qui se balance
Vient pour toi chanter sa romance.
Et si le bois prend un air de féerie,
C'est pour toi, Rose-Marie.
Puis, par sa douceur, elle a pris mon cœur.
L'amour se tient dans son sillage
Et sa douce image que je revois
Paraît à chaque instant devant moi.
Le lac bleu se reflète dans ses yeux,
Le soleil se plaît dans ses cheveux.
{au Refrain}
- (C'est la fille qui te rend silencieux ?)
- Oh ! Non
- (Un ami qui vient d'te dire adieu ?)
- Oh ! Non
À quoi bon vous dire la vérité
Vous n'y pourrez jamais rien changer
Non, jamais rien y changer
Oh ! Non
- (Avec nous, viens ce soir t'amuser)
- Oh ! Non
- (Tu devrais essayer d'oublier)
- Oh ! Non
Malgré vous, je suis seul et perdu
Dans un monde qui m'est inconnu
Oh, non, n'insistez plus
Oh ! Non
- (Méfie-toi, on te rend malheureux)
- Oh ! Non
- (Nous croyons voir des pleurs dans tes yeux)
- Mais non, mais non
À cette fille j'ai donné mon amour
Mais ce soir je la perds pour toujours
Comment l'oublier un jour ?
Oh ! Non
{x4:}
- (Oh ! Oui)
- Oh ! Non
J'ai revu les filles de mon patelin
Je leur ai souri, mine de rien
Elles ont baissé les yeux
Pour me montrer leur doigt
"Il est trop tard, mon vieux,
On n'a plus le droit
Je suis Madame Machin
Je ne manque de rien
Il est gentil tout plein
Je l'aime bien"
Bon, ça va, j' vais retrouver les copains
Ce sera bon flâner jusqu'au matin
Ils ont baissé les yeux
Pour me montrer leur doigt
"Il est trop tard, mon vieux,
On n'a plus le droit
On n' joue plus les milords
On a la corde au cou
Tu payes un verre, d'accord
Mais c'est bien tout"
Tiens, c'est vrai ,ça fait longtemps déjà
Je n' me rendais pas compte
Excusez-moi
Et j'ai baissé les yeux
Pour me gratter le doigt
Et cacher de mon mieux
Mon désarroi
J'ai haussé les épaules
Et j'ai tourné le dos
Adieu Pierre, adieu Paul
C'était trop beau {x2}
On couche n'importe où
Dans des chambres à cent sous
On est des gratte-guitares
On chante sur les trottoirs
Oui mais
On n'est pas syndiqués
Nos blue-jeans sont râpés
Et dans
Tous les coins où l'on va
On est les rois
On lave deux trois voitures
Et en route l'aventure
Auto-stop ou camions
Tout ce qui roule est bon
On a
Des airs de traîne-misère
Mais on est libres comme l'air
Et dans
Tous les coins où l'on va
On est les rois
Sur les trains on connaît des mécaniciens
Le nom de leur gosse et même de leur chien
On a des combines dans toutes les villes
Pour bien manger et bien dormir et trouver des filles
On a un d'nos copains
Qui a fait son chemin
Il chante ses chansons
A la télévision
Oui mais
On est contents pour lui
Car il a réussi
Mais nous
On est heureux comme ça
On est les rois
On couche n'importe où
Dans des chambres à cent sous
On est des gratte-guitares
On chante sur les trottoirs
Oui mais
On n'est pas syndiqués
Nos blue-jeans sont râpés
Et dans
Tous coins où l'on va
On est les rois
Où vas-tu l'ami de ce pas ?
Je m'en vais à la guerre
De quelle guerre parles-tu mon gars ?
Je ne sais pas je n'en ai que faire
Car on se bat toujours quelque part
La guerre commence à me hanter
Dans les chansons même on s'égare
C'est si facile de la chanter
D'où viens-tu l'ami de ce pas ?
Je reviens de la guerre
De quelle guerre parles-tu mon gars ?
Je ne sais plus je n'en ai que faire
Je ne sais plus s'ils étaient noirs
Ou bruns ou jaunes ou comme moi
Je me souviens de leurs regards
Je me souviens de leurs "pourquoi"
Je me souviens d'un ciel de mort
D'un bleu à vous faire croire en Dieu
S'il n'y avait ce matador
Qui vous visait entre les yeux
Je me souviens d'une lumière
Qui scintillait de mille larmes
Je me souviens d'une prière
Qui s'élevait de ce vacarme
Et l'on se bat toujours quelque part
La guerre commence à me hanter
Dans les chansons même on s'égare
C'est trop facile de la chanter
Je ne sais plus si j'ai tiré
Si j'ai tué et combien de fois
Mon souvenir est déchiré
Je sais que je n'étais plus moi
Je vous reviens pour vivre un peu
Pour commencer à aimer le jour
Pour me brûler à d'autres feux
Pour écouter des chansons d'amour
Pour oublier....
Que l'on se bat toujours quelque part
Et on se bat toujours quelque part...
{Refrain:}
Oui, j'ai peur de croire
Tout ce qu'on me dit
Oui, j'ai peur de savoir
Ce qu'est sa vie
Tout au fond de mon cœur
D'elle je rêvais
Oui, j'ai peur, j'ai peur
Ha ha
Ne me dites rien
C'est elle que j'aime
Ne me dites rien
J'aurais trop de peine
Ne détruisez pas
Ce que j'imaginais
Oui, j'ai peur, j'ai peur
Ha ha
La plus belle des légendes
Ce soir m'appartient
Et je tremble, oui, je tremble
Qu'il n'en reste rien
{au Refrain}
Oui, au fond de moi
Tout pourrait se briser
Oui, j'ai peur, j'ai peur
Ha ha
Ne détruisez pas
Ce que j'imaginais
Oui, j'ai peur, j'ai peur
Ha ha
Mais un jour, oui, un jour
Je prouverai
Que ce que vous pensez
D'elle n'est pas vrai
{au Refrain}
Oui, au fond de moi
Tout pourrait se briser
Oui, j'ai peur, j'ai peur
Oui, tu verras,
On partira
Très loin d'ici
Pour un beau pays
Où tout est bleu
Et, si tu le veux,
Oui, tu verras,
On partira.
Je veux t'aimer
Et t'emmener
Sur mon bateau
Poussé par les flots,
Sans pavillon et sans avirons.
Je veux t'aimer
Et t'emmener.
Il y a longtemps
Que je t'attends,
Longtemps déjà
Que je pense à toi.
Mais aujourd'hui,
Si tu es ici,
Il y a longtemps, longtemps
Que je t'attends.
Oui, je savais {2x}
Qu'un jour tu viendrais {2x}
Prendre ma main,
Prendre mon chemin,
Que j'ai compris,
Quand tu m'as souri,
Oui, je savais bien {2x}
Qu'un jour tu viendrais,
Que tu viendrais.
Je t'ai rêvée {2x},
Je t'ai trouvée {2x}.
Depuis toujours,
Tu es mon amour
Mais aujourd'hui,
Je t'ai reconnue.
Je t'ai rêvée {2x}
Et je t'ai trouvée. {2x}
Je veux t'aimer
Et t'embrasser
Très loin d'ici
Dans un beau pays
Où tout est bleu
Et, si tu le veux,
On s'en ira,
Oh oui, tu verras,
Oui, tu verras {3x}
Oxford Town Oxford Town
On baiss' la tête quand les clochers sonnent
Le soleil ne brill' pour personne
N'allez jamais jusqu'à Oxford Town
Il alla à Oxford Town
Par la haine il fut suivi
Seul'ment parc'qu'il était noir
Il aurait mieux fait d'rester chez lui
Oxford Town au bout du chemin
Quand il voulut entrer ce fut une histoire
Seul'ment parc'que sa peau était noire
Que pensez-vous de ça les copains
J'tai vu pleurer à Oxford Town
Sous les bomb's lacrymogènes
Ça n'vaut vraiment pas la peine
De rester à Oxford Town
Oxford Town dans l'après-midi
Chantait des chansons tristes à l'infini
Deux homm's morts c'est vraiment trop bête
Y aurait intérêt à faire une enquête
(Adieu, adieu)
Pourquoi pleurer ?
Pas de larmes
Il est rompu le charme
Puisque aujourd'hui
Tout est fini
Essayons d'oublier
Pas de larmes
Il faut briser nos armes
Quand l'amour est mort
Qui a eu tort ?
Il ne faut pas chercher
Il vaut mieux se quitter
(Pourquoi pleurer ?)
Gardons le souvenir
Du temps merveilleux des beaux jours
Dans un dernier sourire
Bien que nos deux cœurs soient trop lourds
Pas de larmes
Il faut rompre le charme
Adieu mon amour
Mon cœur est lourd
Puisque il faut nous quitter
Il ne faut pas pleurer
(Non, pas pleurer)
Essayons d'oublier
(Adieu, adieu)
Je t'en prie, pas de larmes
(Adieu)
Je t'en prie, pas de larmes
(Adieu)
Oh ! Non, non, pas de larmes
(Adieu)
Je t'en prie, pas de larmes
(Adieu)
Tourner le dos à tout le reste
Mais tu ne partiras pas sans moi
Non, pas sans moi
Oh non, tu ne partiras pas sans moi
Si loin
Demain, dans une autre ville
Je veux voir tes yeux
Demain, même les mains vides
Nous serons heureux
Tout seul dans cette maison
Ma vie n'a plus de raison
Je préfère tout quitter ici
Mais tu ne partiras pas sans moi
Non, pas sans moi
Oh non, tu ne partiras pas sans moi
Si loin
{x3:}
Car je t'aime
Oui, je t'aime
S'il n'y avait le sourire des fleurs
A quel soleil chaufferais-je mon cœur
Sans toi ?
S'il n'y avait la chanson de la pluie
Qui bercerait mon cœur qui se languit
De toi ?
De toi, pauvre Verlaine,
Il lui faudra beaucoup pleurer
Ce soir
Je me souviens, le ciel était en pleurs
Et ça hurlait, les violons du malheur
Sans toi
Mais tu as peint ma vie à ta douceur
Et un grand feu a jailli dans mon cœur
Avec toi
Tu as cueilli tous mes rêves d'enfant
Pour les bercer sur les ailes du vent
Mais tu m'as laissé au coeur le goût amer
D'un bonheur perdu à peine découvert
Pourquoi ?
Tu es venue comme Dame Fortune
Tu es partie sur un rayon de lune
Pleure, Verlaine, les amours blessées
Pleure, Verlaine, les cœurs délaissés
Pour moi, pauvre Verlaine,
Il lui faudra beaucoup pleurer
Ce soir
Comme le fleuve amoureux de la mer
Je sens couler mes étés, mes hivers
Vers toi
Mais où es-tu ? Dans le temps, tu t'enlises
Et tu ne vis plus que dans l'écho de la brise
Parfois
Parfois, pauvre Verlaine,
Il lui faudra beaucoup pleurer
Ce soir
Pit pit pit pit pit piti piti pit pit
dala la da dang dang dang
bala dang dang dang dang
bada bada bada bang
Je peux bien l'avouer maintenant, les amis
Quand j'étais étudiant, je traînais toute la nuit
Ma guitare sous le bras à Saint-Germain-des-Prés
Mes parents me croyaient à l'université
{Refrain:}
Pends-moi, oh, pends-moi
Un bout de corde et pends-moi
Peut-être que ce jour-là
Quelqu'un viendra prier pour moi
Pit pit pit pit pit piti piti pit pit
Encore !
Pit pit pit pit pit piti piti pit pit
Hé, les amis, qu'est-ce qu'on a rigolé
L'autre soir, au café, sur quinze tournées
Quatorze pour moi. Je paierai le loyer
Et les provisions avec quoi ?
{au Refrain}
Maintenant, une histoire :
Comment fait-on entrer quatre éléphants
Dans une Dauphine à toit ouvrant ?
Réfléchissez un peu, c'est un jeu d'enfant
On en met deux derrière et les deux autres devant
{au Refrain}
Les filles sont comme les raisins de l'été
Plus le soleil est chaud, plus elles sont sucrées
De trois garçons, je suis le plus petit
Mon père était chasseur, je suis un sacré fusil
Pends-moi, pends-moi
Un bout de corde et pends-moi
Peut-être que ce jour-là
Quelqu'un viendra prier pour moi
Pit pit pit pit pit piti piti pit pit
Da la da dang dang dang dang
Bala ta tam ta ta
Bala bala ta ta bang
Personne ne sait le secret que j'ai
Personne ne sait, non, personne
Personne ne sait le secret que j'ai
Glory alléluia
Un homme m'a dit «Je veux te parler»
Un homme m'a dit, oui, Monsieur
Un homme m'a dit «Je veux te parler»
Glory alléluia
{x2:}
Et l'homme s'est penché vers moi, oui, Monsieur
Il avait des ailes, je crois, oui, Monsieur
Ses yeux brillaient d'une immense joie
Ses yeux brillaient, oui, Monsieur
Ses yeux brillaient d'une immense joie
Glory alléluia
Des voix chantaient là-haut dans le ciel
Des voix chantaient, oui, Monsieur
Des voix chantaient là-haut dans le ciel
Glory alléluia
{x2:}
«Cours au champ de coton, là-bas» oui, Monsieur
«Dis-leur qu'ils sont tous fils de roi»
Et j'ai couru au champ de coton
Et j'ai couru, oui, Monsieur
Déjà, mes frères chantaient ma chanson
Glory alléluia
Du Missouri jusqu'à la Volga
Du Missouri, oui, Monsieur
Nous sommes frères et c'est bien comme ça
Glory alléluia
Petit bonhomme, au bout de ton enfance
Petit bonhomme, il faudra se quitter
Tu partiras comme on part en vacances
Sur les chemins de la liberté
Petit bonhomme, ainsi la vie nous mène
Et les enfants s'échappent des parents
J'ai eu la joie, bientôt j'aurai la peine
Et je te comprendrai ; je t'aime et j'attends
Je t'écoute dormir
Et tes rêves d'enfant
Me font des souvenirs
Pour quand tu seras grand
Plus grand que moi, demain, déjà
Petit bonhomme, il faut que je te dise
Petit bonhomme, et tu n'y croiras pas
Mais quelquefois, j'ai fait d'autres valises
Vite défaites à cause de toi
Petit bonhomme, au jour du grand passage
Je serai seule et tu ne viendras pas
Mais je dirai "Mon fils est en voyage
Il est allé beaucoup plus loin
Beaucoup plus loin que moi"
Quand tu portais encore des tresses
Dans la fraîcheur de tes quinze ans
Nous ne vivions que de promesses
Mais maintenant, c'est différent
Je t'ai connue toute ingénue
Il n'y avait que toi et moi
Nous vivions par-dessus les nues
Mais tu es retombée bien bas
{Refrain:}
Ton petit camarade
Tu l'as oublié
Adieu nos promenades
Adieu notre amitié
Adieu la fille sage
Qui faisait mon bonheur
A te voir si volage
Moi, j'en ai mal au cœur
Moi, j'en ai mal au cœur
Maintenant, tu as du rouge aux lèvres
Et tes cheveux volent au vent
Au vent qui emporte mes rêves
Pour les semer au fil du temps
{au Refrain}
Redeviens la douce écolière
Que l'on voyait tous les matins
Courir le long de la rivière
Tendant la main à son copain
Lalala...
Je t'en prie, fillette,
Surtout ne crois pas
Qu'un jour il y aura
Entre toi et moi
Rien de plus que ça
Car, vois-tu fillette,
Quand on s'est rencontrés
Tous les deux on savait
Que ça ne pourrait pas durer
Alors pourquoi insister ?
Bien sûr je me rappelle
Le bronze des statues
Et le lac qui t'a vue
Au matin à demi nue
Je m'en souviens, rien de plus
Tu peux me parler des marches
Du vieil escalier de bois
Et du grand feu de joie
Qui brûlait ce soir-là,
Je n'en parlerai pas
Tu me dis, fillette,
Que ton prince c'était moi,
Que j'étais toutes tes joies,
Que tu veux croire en moi,
Tu m'oublieras, je crois
Entends, la route m'appelle,
On a eu notre temps
Il fallait penser avant,
Ne pas te voir en blanc
Tu le savais pourtant
Mais je vois que tu pleures
La tête au creux de tes bras,
Tu ne veux pas que je te vois
S'il te plaît, pardonne-moi,
Je reste, ne pleure pas
Nous resterons ensemble
Dans la maison de bois
Tout l'hiver suédois,
Si tu veux, sur la route,
Tu viendras avec moi
Quand les violons se mettent à faire des pizzicati
Mon cœur aussitôt
Fait pizzicato
Quand les violons se mettent à faire des moderati
Il bat moderato
Quand un nuage passe au fond de tes jolis yeux gris
Même si tu souris
Moi, j'ai le cœur gros
Mais si tes yeux s'emplissent de joyeux pizzicati
Pour moi, c'est du gâteau
{Refrain:}
Ploum ploum ploum ploum ploum
Plouploum plouploum plouploum plouploum
Quelle musique !
Ploum ploum ploum ploum ploum
Plouploum plouploum plouploum plouploum
C'est fantastique !
Écoutez bien le clapotis que tous les violons font
Ces pizzicati
Sur notre chanson
Si tu ne le sais pas encore, je crois qu'ils te diront
Qu'on s'aime pour de bon
Les violons s'enchantent à parler de toi
Je les comprends car chaque fois
Que je te vois
Quand les violons se mettent à faire des pizzicati
Mon cœur aussitôt
Fait pizzicato
Quand les violons se mettent à faire des fortissimi
Il bat fortissimo
Quand tu me prends le coin des lèvres, moi, je suis ravi
Et j'ai bien envie
De crier bravo
Je sens mon cœur, dans cette fièvre, qui se ramollit
À chaque tremolo
{au Refrain}
Et je crois bien qu'on s'aimera tout le long de la vie
Dans un crescendo
Très amoroso
On s'aimera en do, en sol, en fa ou bien en mi
Et notre vie sera
Un vrai duo
Ploum ploum ploum
Ploum ploum ploum ploum
Plou plou
Plouploum plouploum plouploum plouploum ploum ploum
Po po po po, dis !
Mon ami Angelo
A traîné la savate
Dans les petites rues
Où chantait Bab-el-Oued
Parmi les murs tout blancs
Quand le soleil éclate
Ecrasant la Casbah
Et desséchant le bled
Marius et Denis
Ils disaient que le Nord
Commençait juste après
Les tours de Carcassonne
Et le voilà jeté
Par le coquin de sort
Sous des ciels de printemps
Qui lui semblent d'automne
Ma Patrie
J'ai tout laissé là-bas
Quand j'ai fait la valise
Mais comme les autres y disent
Po po po po Inch'Allah
Parole d'honneur mon frère
C'est dur de tout quitter
Abandonnant la terre
Où t'avais tant semé
Soleil, soleil de mon pays si beau
Tu fais rien qu'tomber en morceaux
-"la purée d'nous autres"-
Tu fais la fête qu'aux escargots
Po po po po dis !
Faut arrêter de s'attendrir
La scoumoune pourrait revenir
On lui avait appris
Dans sa petite école
Que ses ancêtres blonds
S'appelaient Les Gaulois
Et pendant des années
Il l'a cru sur parole
Lui qui est à peu près blond
Comme Enrico Macias
Titi d'autres faubourgs
Il a cherché Gavroche
Mais ils se sont compris
Parfois bien de travers
Si ses espoirs souvent
Sont partis en brioche
Il sait des oasis
Au milieu du désert
Ma Patrie
D'amis y a pas besef (1)
Monsieur Corneille peut-être
Les voit comme y doivent être
Mais ça, c'est des tchaleffes (2)
La vie c'est la kémia (3)
De l'auberge espagnole
Ce que t'apporte, ma parole,
Compte avant tout sur ça
Merguez, merguez de mon si beau pays
C'est pas les hot-dogs de Paris
Qui me rendront mon appétit
Po po po po dis !
On va s'taper une belle bouffa (4)
la vie qui vient nous tend les bras
Lorsque j'ai des soucis
Mon ami le pied-noir
Je m'en viens inspirer
Dans l'air que tu déplaces
Et c'est toi l'exilé
Oubliant ta disgrâce
Qui me donne en riant
Une leçon d'espoir
Po po po po dis !
---
(1) beaucoup
(2) mensonges
(3) amuse-gueules
(4) cuite
Le soleil brille pour tout le monde
Quand, à la Méditerranée,
On s' donne la main, on fait la ronde.
Et chacun peut en profiter.
Faudrait voir à pas mélanger
Les torchons avec les serviettes,
Le caviar et la vache enragée,
Les clochards avec les starlettes.
Moi, j'dis qu' l'hiver a pas l' même goût
Selon comment on le regarde.
Moi, j'dis qu' l'hiver a pas l' même goût
A Megève ou sous l' pont de Saint-Cloud.
Sur la Seine, y a des bateaux-mouches
Avec des dames en décolleté
Qui rient très haut et font des touches...
Et y a aussi les suicidés.
Faudrait voir à pas mélanger
Les torchons avec les serviettes,
L' malheur et l'imbécillité,
La fringale et le coup d' fourchette.
Moi, j' dis qu' la Seine a pas l' même goût
Selon comment on la regarde.
Moi, j' dis qu' la Seine a pas l' même goût
Vue par en-dessus ou par en-dessous.
Y a des murs où, au matin blême,
On met en rang les entêtés.
Y a des murs où, au matin blême,
On assassine la Liberté.
Faudrait voir à pas mélanger
Les torchons avec les serviettes,
Les martyrs et les médaillés,
Les généraux et les poètes.
Moi, j' dis qu' l'Honneur a pas l' même goût
Selon comment on le regarde.
Moi, j' dis qu' la Mort a pas l' même goût
Vue par en-dessus ou par en-dessous.
Poly, Poly, polisson,
Tourne, tourne, tourne en rond.
Tu es un petit cheval
Tout à fait original.
Pas plus grand que trois souris,
Ta crinière est si jolie
Que j'y mettrai des rubans
Bleus et blancs, bleus et blancs
Et nous serons des amis,
Poly, Poly, pour la vie.
Près d'une roulotte,
Les cheveux au vent,
Paré de la sorte,
Un petit enfant,
Un cheval de cirque,
Tout seul attaché
Au bout d'une pique,
L'écoutait parler.
Poly, Poly, polisson,
Disait le petit garçon,
Si tu veux la liberté,
Moi, je vais te la donner.
Le soleil est avec nous,
Il nous suivra jusqu'au bout
Pour nous montrer le chemin
Où demain, où demain,
Côte à côte nous vivrons,
Poly, Poly, polisson.
Si quelqu'un nous cherche,
Il pourra chercher :
Les blés qu'on traverse
Sauront nous cacher.
Si quelqu'un se penche
Pour suivre nos pas,
Le vent dans les branches
Nous avertira.
Poly, Poly, polisson,
Saute par monts et vallons,
Danse, danse dans les prés
Comme un petit feu follet.
Les sentiers sont pleins de thym,
De mousse et de romarin.
On est heureux comme des rois,
Toi et moi, moi et toi
Et toujours nous le serons,
Poly, Poly, polisson.
Pourquoi, pourquoi ces canons
Au bruit étonnant ?
Pourquoi, pourquoi ces canons ?
Pour faire la guerre, mon enfant
Pourquoi, pourquoi plus souvent
Qu'on ne l'imagine
Faisons-nous la guerre aux gens ?
Ça fait marcher les usines
Pourquoi, pourquoi ces usines
Qui n'ont rien qui vaille ?
Pourquoi, pourquoi ces usines ?
Ça donne aux gens du travail
Pourquoi, pourquoi ce travail
Dur et fatigant ?
Pourquoi, pourquoi ce travail ?
C'est pour gagner de l'argent
Pourquoi, pourquoi cet argent
Est-il donc si bon ?
Pourquoi, pourquoi cet argent ?
Pour acheter des canons
Pourquoi, pourquoi ces canons
Qui nous coûtent tant ?
Pourquoi, pourquoi ces canons ?
Pour faire la guerre, mon enfant
À quinze ans, je rêvais de princesses
À quinze ans, qui n'est pas conquérant ?
J'aurais fait les cent mille prouesses
Pour gagner les honneurs de son rang
Et je me voyais Gavroche
Blessé au champ de bataille
Et à grandes taloches
Chasser l'ennemi en pagaille
Mais j'oubliais ma princesse
Pour une bergère blonde
Qui me soignait de ses caresses
À l'abri du canon qui gronde
À vingt ans, j'étais simple soldat
Amoureux de la fille d' mon adjudant
Mais de la façon dont il me montrait les dents
J'ai conclu qu'il n'serait jamais mon beau-papa
Et je me voyais capitaine
Entouré de tas d'adjudants
Qui me priaient d'accepter l'étrenne
De leur cadette de vingt ans
Mais j'oubliais la fille de l'adjudant,
Son père et toutes ces balivernes
Pour devenir le digne prétendant
De la Madelon de la taverne
Maintenant, je suis prince charmant
C'est du moins ce que dit ma bergère
Je ne sais pas ce qui m'attend
Entre ces murs tout blancs,
Impatiemment je guette l'infirmière
Et je me vois déjà grand-père,
Mes petits-enfants sur les genoux
En train de leur raconter mes guerres,
Mes amours et mes quatre cents coups
Légendaires.