• Joe Dassin

    Il est des artistes qui vendent autant de disques post-mortem que vivant. Joe Dassin est de ceux-là : superstar internationale dans les années 1960 et 70, et l’un des rares chanteurs français à percer massivement à l’étranger, les compilations, rééditions et hommages à son œuvre sortent encore régulièrement trente ans après sa disparition.


    Joseph Ira Dassin voit le jour le 5 novembre 1938 à New York. Fils d’une violoniste classique hongroise,Béatrice Launer, et du réalisateur Jules Dassin.
    En 1950, Jules Dassin et sa famille s’embarquent pour l’Europe, direction Paris. Si sa petite famille s’installe au cœur de la capitale, Joseph, lui, est envoyé dans divers pensionnats huppés en Suisse et en Italie. Il n’est scolarisé en France qu’en 1954.
    Inscrit en ethnologie dans une faculté parisienne, il s’avère un étudiant assidu et commence déjà à chanter et à jouer de la guitare tout en multipliant les jobs d’étudiants. Joe ne s’intéresse pas au cinéma, en revanche, il accepte de composer quelques chansons qui figureront dans les bandes originales de certains métrages paternels.
    Son doctorat d’ethnologie en poche, il sert d’assistant pour son père sur le désormais classique Topkapi, mais – souhaitant voler de ses propres ailes – il prend ses distances avec les activités paternelles et devient journaliste à Play-Boy et animateur à Radio Luxembourg (future RTL), multipliant les piges. En 1963, il rencontre Maryse dont il tombe amoureux et avec qui il emménage chez sa mère. Une amie de Maryse travaillant alors chez CBS est séduite par les compositions du jeune homme. 
    Si son premier disque avec « Je change un peu de vent » (février 65) est un flop, il permet à Joe Dassin de rencontrer le parolier Jean-Michel Rivat, qui va le suivre toute sa carrière. En mai 1965, Dassin retourne en studio et enregistre un nouvel EP 4-titres avec des standards américains adaptés pour un public français, c’est à nouveau un échec.
    Joe Dassin et Rivat concentrent leur énergie sur la reprise d’une petite ritournelle cubaine, « Guantanamera » (novembre 65, couplée à « Bip-bip »). Ce morceau est le carton qui permet à Joe Dassin de percer et d’obtenir la reconnaissance des radios et du public. L’année suivante, il épouse Maryse en petit comité. Les reprises étant à la mode, et Londres s’étant imposée comme la capitale musicale, c’est là-bas que Dassin se rend pour enregistrer « Ca m’avance à quoi ? » la version française de « You Were On my Mind » (de Ian & Sylvia). A New York sort en 1966.
    Ayant accouché d’une petite ritournelle amusante intitulée « Les Dalton » (mai 67), il compte en faire cadeau à Henri Salvador, mais CBS le persuade de la conserver pour lui. Excellente suggestion car le morceau est le premier très grand succès de Dassin.
    Mais la fin des années 60 voit aussi la mode des reprises et des adaptations s’essouffler. Mai 68 contribue à ringardiser les Yé-yés, rejetés par la jeunesse. Ça tombe très bien pour Joe Dassin, dont les chansons « naturelles », accompagnées à la guitare sèche, correspondent parfaitement à l’esprit de l’époque. « Marie-Jeanne » (d'après le fameux « Ode to Billie Joe » de Bobby Gentry) et l'original « Tout bébé a besoin d’une maman » en octobre 67, « La Bande à Bonnot », et « Siffler sur la colline » début 68, « Ma Bonne étoile » puis « Le Petit pain au chocolat »  fin 68, sont autant de tubes qui plaisent à une large frange de la jeunesse de l’époque.
    En mars 1969, il retourne à Londres pour mettre en boîte ce qui deviendra l’un de ses succès planétaires : « Les Champs-Élysées », à l'origine une face B de 45-tours, adaptation d'un hit des plus obscurs qu'il transforme en or, « Waterloo Road »
    d'un certain Jason Crest. Présent sur Le Chemin de Papa (1969), « Les Champs-Élysées » en devient le titre-phare et un succès mondial, que ce soit dans sa version française, anglaise, italienne ou même allemande.
    Ultra perfectionniste, l’artiste ne laisse rien au hasard et l’année suivante, sortent « L’Amérique » Yellow River » du trio Christie) et « Cécilia » (de Paul Simon) deux nouveaux hits qui lui valent la reconnaissance du public international, assortis d'un album avec d'autres succès : « La Fleur aux dents », « L'Equipe à Jojo » (mai 1970).
    Après un petit passage à vide d’un an et un album peu remarqué, Elle Etait Oh... en 1971, Joe Dassin fait son grand retour sur la scène sur les conseils de son épouse, afin de reprendre contact avec le public. « Taka Taka Ta » (mai 72) est son tube du moment. Les tubes s'empilent encore, « A vélo dans Paris », « Le Moustique » (le « Mosquito » des Doors, mars 73), et « Salut les amoureux» City of New Orleans » d'Arlo Guthrie) qui sont des succès instantanés.
    Malheureusement, en 1973, sa femme donne naissance à un fils, Joshua, qui meurt quelques jours après l’accouchement. Anéanti par cette nouvelle, Joe Dassin déprime avant de se motiver pour retrouver le chemin des studios. Mais l’album qui sort de cette période est un échec (Treize Nouvelles Chansons). A contrario, c’est en composant quelques chansons légères et un peu paillardes pour Carlos qu’il réussit à retrouver le goût de la vie. Pourtant, conscient de  devoir rebondir pour ne pas être oublié du public, il réussit avec son ami le parolier Pierre Delanoë à écrire le tube qui signera son grand retour : « L’Eté indien », paru en juin 1975 (l'original : « Africa» de Albatros). Succès international à nouveau pour Joe Dassin qui n’oublie pas d’en adapter plusieurs versions dans différentes langues. Désormais, le seul nom de Dassin est synonyme de succès garanti, comme en témoignent ses deux grands 45-tours de l'année 1976 : « Ca va pas changer le monde » et « Et si tu n'existais pas ».
    En 1976, sa collaboration avec les Italiens Toto Cutugno et Vito Pallavicini ajoute un nouveau tube au répertoire déjà bien garni de l’artiste : « Le Jardin du Luxembourg », chanson originale de 12 minutes dont plusieurs remixes sont aussitôt tirés. Appelant autour de lui des compositeurs comme Toto Cutugno, William Sheller ou Didier Barbelivien, Dassin continue à multiplier tubes et tournées.
    Ne voulant absolument pas se faire dépasser par la génération montante, il se montre des plus prolifique et sort Blue Country à l'été 1980. A force de trop travailler et de multiplier la fatigue physique et les tournés (sans compter l’alcool et le tabac), Dassin épuise rapidement son corps. Plusieurs infarctus l’obligent à des soins médicaux fréquents. Contraint par son entourage à prendre du repos, l’artiste se choisit une villégiature à Tahiti. Mais son corps, affaibli par tous ses excès, est au bout du rouleau. Le 20 août 1980, alors qu’il déjeune dans un restaurant de Papeete, une crise cardiaque l’emporte. 
    Dès sa disparition, les compilations affluent. Depuis, le nombre de rééditions, compilations, hommages, remixes, rééditions CD, puis DVD devient exponentielle. En 1995, Joe Dassin est, avec Francis Cabrel et Jean-Jacques Goldman, l’artiste francophone qui vendit le plus de disques en France. Alors qu'il est déjà mort depuis quinze ans.


    ____________________________________Corval & B. D'Alguerre


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