• Jacqueline François - Elle restera toujours Mademoiselle de Paris

    Mademoiselle de Paris, Les lavandières du Portugal ont été ses plus grands succès. Jacqueline François a représenté l'élégance parisienne de New York à Tokyo. Dans le monde entier, elle fut l'ambassadrice de la chanson française populaire de qualité. A 87 ans, Jacqueline François s'en est allée avec délicatesse en toute discrétion, le 7 mars dernier.

      

       Née à Neuilly-sur-Seine, le 30 janvier 1922, dans une famille sans histoire, Jacqueline Guillemautot a été une petite fille chouchoutée par un père salarié de la société Roja, fabricant de brillantine. Sa mère était femme au foyer. Ainée de cinq enfants, elle avait deux frères et deux soeurs. Avant la guerre, Neuilly-sur-Seine était une ville accessible aux classes populaires et l'on parlait "titi parisien", un accent qui caractérisait bien la jeune Jacqueline alors qu'elle vivait avec ses parents dans leur pavillon.

       A 16 ans, la jeune fille n'a qu'une obsession : devenir chanteuse. En 1942, elle enchaîne les figurations au côté de Julien Carette, dans Boléro, ou dans La prière aux étoiles, un film inachevé. La même année, elle passe une audition à la radio et est convoquée... trois ans plus tard, à la Libération.

    Après la guerre, elle change de nom et prend pour pseudonyme "François", le prénom du fils qu'elle a eu avec le musicien et chanteur Henri Decker.

       C'est là que tout commence. Dans l'orchestre de son ami Raymond Legrand, le père du célèbre compositeur Michel, se trouve un certain Louis Gasté qui n'est pas encore le mari de Line Renaud.

    Il repère immédiatement l'oreille exceptionnelle de Jacqueline François et lui propose deux chansons qui deviendront les deux premiers succès de la future Mademoiselle de Paris, Gentleman et Ca n'était pas original sur des paroles de Françoise Giroud, gravées chez Sofradi en 1947 et 1948.

       En 1953, elle avait chanté dans le monde entier, parcourant ainsi 250 000 kilomètres, soit six fois le tour de la Terre !

       A 31 ans, elle est la première femme à atteindre le million de disques vendus, se plaçant au niveau de Tino Rossi et Jacques Hélian. Elle dépasse Edith Piaf, Yvette Giraud et Lucienne Delyle, les grandes stars des années 1950.

       Celle que Michel Tauriac, qualifiait à la fin des années 1950 de "voix la plus amoureuse du monde", a aussi révolutionné le monde de la chanson par sa décontraction. Quand elle enregistrait, elle enlevait ses chaussures, dire que je pensais que c'était un style inventé par les hippies !

       Superstitieuse, la star avait trois fétiches : une main de négresse, une médaille du Christ du Corvovado autour du cou et une autre de la Vierge.

       Jacqueline François avait le chic pour choisir ses auteurs et flairer les talents naissants. C'est elle qui, la première, a chanté les chansons de Charles Aznavour (Sa jeunesse, On ne sait jamais), qui a toujours salué son oreille irréprochable. Même Alain Barrière lui doit le lancement de sa Marie Joconde. En 1963, c'est à Edith Piaf qu'Alain Barrière, jeune débutant, propose sa chanson, mais c'est Jacqueline François qui la crée, du fait de la mort de la grande Edith.

      Jacqueline choisissait avec l'oreille et le coeur. Si les yé-yé ont eu raison de son succès, la star du microssillon a continué de se produire dans le monde entier. Elle a figuré dans les émissions de son ami Pascal Sevran, mais aussi dans celles, très populaires, de Guy Lux des années 1970 à 1990. Elle est restée amie avec ceux qu'elle a mis en lumière, Aznavour a pris de ses nouvelles jusqu'à la fin, tout comme Michel Legrand, Line Renaud, Mick Micheyl, ou Anny Gould.

       Mademoiselle de Paris reste pour nous une des grandes voix de la chanson française. Son dernier producteur et ami, Yvon Chateigner, lui rend un dernier hommage : la réédition de l'album Solitaires, qui inclut un duo inédit, Allô mon coeur avec Fernand Raynaud, datant de 1958, Ce CD compte également un DVD rassemblant des documents inédits fournis par son fils François.


       Ainsi les amoureux de la chanson française populaire pourront une dernière fois lui dire : "Merci, Mademoiselle de Paris !"

     

     

     

                                                Corval et Dominique P.


  • Commentaires

    1
    regis.grennerat@oran
    Samedi 24 Avril 2010 à 12:29
    Bravo pour ce souvenir de Jacqueline François. J'aime beaucoup aussi Henri Decker. Mais au fait qui est Yves Decker ? Petit fils de ce couple d'artistes ? Fils de François ? Des jolies voix qui s'en vont mais resteront dans nos mémoires par leurs interprétations inégalables. Preuves de leurs grands succès mondiaux. Merci pour cet article. "regis.grennerat@orange.fr "
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    2
    kti
    Dimanche 22 Mai 2011 à 22:13
    Bonsoir, j'aimerais savoir si le fils de Jacqueline François aurait entendu parler de Bernard Cécire, neveu de Jacqueline ?
    Merci pour votre réponse, c'est très important pour moi
    3
    Corval Profil de Corval
    Lundi 23 Mai 2011 à 01:02
    Bonsoir, Kti
    Je ne sais pas du tout s'ils se connaissent mais je vais lui poser la question. Par contre, soyez un peu patient pour la réponse car François est très occupé. Mais je ne vous oublie pas.
    4
    micmac
    Lundi 12 Mars 2012 à 22:00
    j aimais bien Jacqueline François , bonne diction .  j ai vu une de ses robes de scene au musée du costume à Moulins

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