• 1967, Vienne, Autriche

    Royaume-UniIrlandeFranceLuxembourgMonacoBelgiqueAllemagneSuèdeRépublique fédérale socialiste de YougoslavieItalieFinlandePortugalAutricheNorvègePays-Bas Suisse

    En cette année où les Beatles sortaient leur album phare Sergeant Pepper's Lonely Hearts' Club Band et qui se déroulait à San Francisco le premier festival baptisé Summer of Love, le Concours Eurovision de la Chanson poursuivait son petit bonhomme de chemin, à des années-lumière des préoccupations de ce monde. L'univers clos et rassurant du concours était pourtant sur le point d'évoluer.

    La grandiose et majestueuse salle des bals du Wiener Hofburg, palais impérial de la capitale autrichienne, avait été choisie pour servir de cadre à la 12è édition du Concours Eurovision de la Chanson. La manifestation fut retransmise le 8 avril 1967. Pour la première fois dans l'histoire du concours on dénombrait moins de participants que l'année précédente; la télévision danoise DR avait même décidé de se retirer de la compétition.

    Au nombre des innovations de cette édition on retiendra la retransmission des images surprenant les réactions des candidats en coulisses au moment du vote et le sous-titrage à l'écran - en allemand, en anglais et en français - de chaque titre de chanson. Aucun artifice de ce genre ne fut nécessaire à la première des candidates par ordre de passage, l'artiste néerlandaise Thérèse Steinmetz, dont le titre de la chanson Ringe-dinge était intraduisible.

    Après 3 années de participation, le chanteur autrichien Udo Jürgens avait laissé place à l'artiste Peter Horten dont la chanson Warum es 100 000 sterne gibt avait été traduite par un simple "Pourquoi ?". Dans son tuxedo noir, Horten se lança dans une interprétation convaincante, mais la mélodie qui n'était pas sans évoquer celle du titre récompensé l'an passé n'avait pas de quoi soulever l'enthousiasme des foules. Comme les Néerlandais, les Autrichiens ne récolteront que deux petits points des jurys.

    Le Portugal était représenté par Eduardo Nascimento, premier chanteur noir de l'Eurovision, un an après la participation au concours de la première chanteuse noire.

    La Suède avait misé sur Oesten Warnerbring, un jeune homme dans le vent affublé d'une paire de lunettes. Sa chanson, Som en dröm, démarrait calmement sur un tempo de guitare et de batterie qui montait en puissance au fur et à mesure de l'interprétation. L'effort inhabituel fournit par le Suédois ne fut pourtant pas comparable à celui du candidat de l'année précédente; récompensé de 7 points, Warnerbring se classe en 8è position. Les Finlandais, voisins de la Suède, n'auront pas plus de succès avec leur titre Varjoen-suojaan interprété par l'imposant Fredi qui, derrière sa stature et son poids conséquent, masquait une voix rauque assez basse; une particularité qui ne suffit pas à offrir plus de 3 points au Finlandais.

    Après une décevante prestation l'an passé, le Royaume-Uni avait décidé de juger plus sévèrement les prétendants au concours. L'immense vedette Sandie Shaw représentait une valeur sûre; elle avait acquis sa notoriété en 1964, grâce au titre Always something there to remind me classé en tête des hits britanniques. Elle décrocha six succès au Top 10 - dont deux hits qui 18 mois durant occupèrent le sommet du classement - s'imposant comme une des références incontournables du Swinging London de la fin des années 1960. Affublée d'un look très moderne, l'artiste avait pour particularité de se présenter toujours pieds nus sur scène.

    Sur le plateau, la chanteuse se lance dans une prestation éblouissante en interprétant une chanson torturée et envoûtante, même si elle qualifie le rythme de "stupide pendule à coucou" ! Alors que Sandie entame son chant, empoignant l'unique micro à main en fonction dans la salle, ce dernier accuse un dysfonctionnement et rend inaudibles les premières notes de sa chanson. Un incident sans conséquence. La chanteuse admettra plus tard qu'elle pressentait sa victoire acquise avant même d'avoir ouvert la bouche ! Il est vrai que sa performance trahissait une inébranlable confiance en soi. Après 10 ans de tentatives infructueuses, le Royaume-Uni remportait son premier Grand Prix. Jamais le public de l'Eurovision n'avait eu l'occasion d'apprécier un titre aussi novateur !

    L'étape du vote pose quelques problèmes à la présentatrice Erika Vaal. Alors que la Yougoslavie gratifie l'Autriche d'un point, la note 12 apparaît sur le tableau d'affichage au lieu de la note 2; de même, l'Irlande se voit une grande partie de la soirée notée 2 alors qu'en fait elle plafonne à 22 ! Pendant ce temps le Royaume-Uni décroche la troisième des plus retentissantes victoires du concours. Le titre Puppet on a string totalise 47 points soit 29% de points supplémentaires par rapport à l'ensemble des participants, devançant de 53% le titre irlandais.

    La victoire de la chanteuse britannique avait ouvert la voie à une nouvelle approche de l'Eurovision. Malheureusement les nombreuses imitations qui se succéderont au fils des ans abaisseront le niveau de qualité du concours. Malgré cela, l'audience ne cessera de grimper à travers toute l'Europe et la décennie à venir confirmera que le Concours Eurovision reste le plus regardé de tous les programmes de l'année.

    Résultats en finale

    1er-  Royaume-Uni (Puppet on a string) SANDIE SHAW (47 pts)

    2è-  Irlande (If i could choose) Sean Dunphy (22 pts)

    3è-  France (Il doit faire beau là-bas) Noëlle Cordier (20 pts)

    4è-  Luxembourg (L'amour est bleu) Vicky Leandros (17 pts)

    5è-  Monaco (Boum-badaboum) Minouche Barelli (10 pts)

    6è-  Espagne (Hablemos del amor) Raphael (9 pts)

    7è-  Belgique (Ik heb zorgen) Louis Neefs (8 pts)

    8è=  Allemagne (Anouschka) Inge Bruck

    et Suède (Som en dröm) Oesten Warnerbring

    et Yougoslavie (Vse roze sveta) Lado Leskovar (7 pts)

    11è-  Italie (Non andare piu lontano) Claudio Villa (4 pts)

    12è=  Portugal (O vento mudou) Eduardo Nascimento

    et Finlande (Varjoon-suojaan) Fredi (3 pts)

    14è=  Pays-Bas (Ringe-dinge) Thérèse Steinmetz

    et Autriche (Warum es 100 000 sterne gibt) Peter Horten

    et Norvège (Dukkemann) Kirsti Sparboe (2 pts)

    17è-  Suisse (Quel coeur vas-tu briser ?) Géraldine (0 pt)

    (Le petit +)

    Sandie Shaw prétendait détester Puppet on a string. Le titre se hissera pourtant à la première place de tous les charts européens et les versions enregistrées en allemand, en français, en italien et en espagnol connaîtront un succès tout aussi fulgurant. En 1967, l'artiste pulvérisera avec ce hit toutes les ventes de singles au Royaume-Uni.

     

    12e Concours Eurovision de la chanson
    Image:ESC 1967.png
    Finale 8 avril 1967
    Présentateurs Erika Vaal
    Télédiffuseur hôte ÖRF
    Lieu Großer Festsaal der Wiener Hofburg, Vienne
    Autriche Autriche
    Chanson gagnante Puppet on a String
    par SANDIE SHAW
    Royaume-Uni Royaume-Uni
    Nombre de participants 17

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  • 1966, Luxembourg, Luxembourg

    AutricheSuèdeNorvègeBelgiqueIrlande SuisseRépublique fédérale socialiste de YougoslavieRoyaume-UniAllemagneFinlandeLuxembourgPortugalDanemarkPays-BasFranceItalieMonaco 

    La 11è édition du Concours Eurovision est de retour au Luxembourg, sur la scène du grand auditorium de RTL. Plus que toutes les autres éditions des années 1960 celle de 1966 reflétera le style de l'époque, tant au niveau de la musique que du décor qui cette fois dévoile un jeu de mobiles pop art. Alors que l'an passé les Suédois avaient eu recours à l'anglais dans leur interprétation, le règlement modifié vient réaffirmer que les participants ne peuvent s'exprimer que dans la langue officielle de leur pays.

    La chanteuse allemande Margot Eskens inaugure la soirée avec une ballade plein d'entrain. Lui succède l'artiste danoise Ulla Pia qui interprète Stop, ja stop, ja stop mens legen er go; le thème de la rupture exploité dans la chanson allait s'avérer prophétique, sachant que les Danois disparaîtront du concours jusqu'en 1978. Le numéro jazzy plein de fantaisie de la chanteuse danoise donne pour la première fois aux téléspectateurs l'occasion d'apprécier la danse rock de compétition. Personne en dehors des pays nordiques voisins du Danemark ne sera impressionné par cette prestation et l'artiste se classera à la 14è place.

    Se présente ensuite la Belgique qui décroche avec son titre enjoué Un peu de poivre, un peu de sel la meilleure de ses performances. Le pays organisateur, le Luxembourg, tente de réitérer son exploit de l'an passé avec la candidate française Michèle Torr dont la taille imposante l'obligeait à se plier pour atteindre le micro. Son titre gai et animé laisse pourtant les juges indifférents. Une attitude qui s'explique peut-être par les similitudes que le titre présentait, au niveau de l'arrangement et de la mélodie, avec le morceau Not unusual interprété par Tom Jones. Comme l'Allemagne, le Luxembourg avec sept points se classa à la 10è place.

    Aucun candidat, en dehors d'Udo Jürgens cette année-là, n'avait réussi à remporter le Grand Prix après trois tentatives infructueuses. Classé 6è lors de l'édition 1964 à Copenhague, il terminera 4è à Naples en 1965. Sa chanson, intitulé Merci, chérie, deviendra la première chanson de langue allemande, certes avec un titre français, à décrocher le Grand Prix de l'Eurovision. Un record qu'elle partage avec un seul autre titre également interprété en allemand.

    Les artistes de couleur brillaient par leur absence sur la scène de l'Eurovision, jusqu'à ce que Dave Benton représentant l'Estonie s'impose en 2001. Millie Scott, première chanteuse de couleur à participer au concours, ne pouvait alors imaginer qu'il faudrait attendre 35 ans pour voir un Noir accéder à la première place du classement. Candidate des Pays-Bas, Millie se lança dans une prestation très ispirée par les rythmes mexicains; les amateurs noteront au passage la performance technique qui accompagnait cette interprétation, sachant que pour la toute première fois un candidat évoluait sur la scène de l'Eurovision en tenant son micro à la main. La liberté de mouvement qui en découlait laissa pourtant les autres candidats indifférents; l'année suivante, un seul chanteur adopta le concept mais finit par remporter le concours !

    L'Irlande et le Royaume-Uni présentèrent deux chanteurs. Le candidat irlandais, Dickie Rock, était un chanteur de gala aux oreilles proéminentes qui se lança dans l'interprétation d'une gentille ballade, indubitablement  marquée par ce qui allait devenir le "style irlandais". Le choix des Britanniques s'était curieusement porté sur un ténor écossais, Kenneth McKellar, dont la tenue trahissait tout le classicisme d'un personnage bien éloigné des fantaisies de la scène pop du moment. Vêtu du costume traditionnel écossais, l'artiste fit une entrée sur scène pour le moins remarquée. Mais la ballade larmoyante du Britannique fut loin de convaincre les juges. En 20 ans de participation au concours jamais le Royaume-Uni n'obtint un aussi mauvais résultat; seule l'Irlande accorda à ses compatriotes une note digne de ce nom.

    Résultats en Finale

    1er-  Autriche (Merci chérie) UDO JÜRGENS (31 pts)

    2è-  Suède (Nygammal vals eller hip man svinaherde) Lill Lindfors & Svante Thuresson (16 pts)

    3è-  Norvège (Intet er nytt under solen) Ase Kleveland (15 pts)

    4è=  Belgique (Un peu de poivre, un peu de sel) Tonia

    et Irlande (Come back to stay) Dickie Rock (14 pts)

    6è-  Suisse (Ne vois-tu pas ?) Madeleine Pascal (12 pts)

    7è=  Yougoslavie (Slovénie) (Brez Besed) Berta Ambros

    et Espagne (Yo soy aquel) Raphael (9 pts)

    9è-  Royaume-Uni (A man without love) Kenneth McKellar (8 pts)

    10è=  Allemagne (Die zeiger der uhr) Margot Eskens

    et Luxembourg (Ce soir je t'attendais) Michèle Torr

    et Finlande (Playboy) Ann Christine Nyström (7 pts)

    13è-  Portugal (Ele e ela) Madalena Iglesias (6 pts)

    14è-  Danemark (Stop, ja stop'ja stop mens legen er go) Ulla Pia (4 pts)

    15è-  Pays-Bas (Fernando en Philippo) Millie Scott (2 pts)

    16è-  France (Chez nous) Dominique Walter (1 pt)

    17è=  Monaco (Bien plus fort) Tereza

    et Italie (Dio, come te amo) Domenico Modugno (0 pt)

    (Le petit +)

    Merci chérie entra dans les charts néerlandais, belge, suisse, autrichien et allemand. Udo Jürgens signera plusieurs hits pour des stars internationales, dont Reach for the stars, classé n°1 au Royaume-Uni. Une nouvelle version de son succès de l'Eurovision, sortie en 1981, sera présentée lors d'un gala en Norvège pour l'enregistrement d'un double album réunissant tous les vainqueurs de l'Eurovision à l'exception de 7 d'entre eux.

     

    11e Concours Eurovision de la chanson
    Image:ESC 1966.png
    Finale 5 mars 1966
    Présentateurs Josiane Shen
    Télédiffuseur hôte CLT
    Lieu Grand Auditorium de RTL,
    Villa Louvigny
    , Luxembourg

    Luxembourg Luxembourg
    Chanson gagnante Merci chérie
    par UDO JÜRGENS
    Autriche Autriche
    Nombre de participants 18

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  •  

    1960, Londres, Royaume-Uni

    FranceRoyaume-UniMonacoAllemagneNorvègeBelgiqueAutricheItalieSuisseDanemarkSuèdePays-BasLuxembourg 

    A l'aube des années 1960, le concours Eurovision de la Chanson fait son entrée dans la ville qui symbolise la modernité, Londres, capitale du Royaume-Uni. Les 13 chansons qui composent le concours sont pourtant loin de représenter la nouvelle vague. Le Royal Festival Hall, cadre du concours, construit en 1951 pour accueillir le Festival de Grande-Bretagne, est en revanche grandiose. Avec une capacité d'accueil de 2 000 personnes, l'endroit restera longtemps l'espace le plus vaste jamais ouvert à l'Eurovision. La date de retransmission du Grand Prix est arrêtée au 29 mars 1960 et l'on sait qu'il s'agit là du dernier concours à se tenir en milieu de semaine.

    13 nations participent; un record. Si après un an d'absence, le Luxembourg fait son retour, la Norvège, elle, fait son entrée dans la compétition. Rétrospectivement, comparée au manque de réussite affiché par les Norvégiens au fil des années, cette première tentative était plutôt encourageante. Sans doute grâce au talent de Nora Brockstedt, adorable dans sa tenue de ski, et chantant avec conviction Voi-voi, l'histoire charmante d'une jeune fille s'adressant à son petit ami depuis le pied d'une montagne.

    Pour la seconde année consécutive, c'est le pays hôte qui ouvre les festivités. Looking high, high, high, écrit par John Watson, enseignant, raconte l'histoire d'un homme à la poursuite de son unique amour à travers monts et océans. Le titre bénéficie d'une mélodie superbe restituée avec talent par la voix de baryton de Bryan Johnson (frère de Teddy , représentant britannique du concours 1959). Revêtu d'un smoking noir, l'interprète se présente sur fond de ciel menaçant, décor typique de la morosité du ciel britannique, et finit sa prestation sous un tonnerre d'applaudissements de la part d'un public tout acquis.

    La Suédoise Siw Malmkvist entre à sa suite sur scène, une place qui ne lui porte pas chance puisque la chanteuse ne réussit qu'à récolter 4 votes et finit la soirée ex aequo à la 10è place. Ce qui est toutefois mieux que le Luxembourg qui termine dernier avec un seul et unique vote. Un échec cuisant, peut-être dû à l'interprétation de la chanson en luxembourgeois plutôt qu'en français.

    L'année 1960 marque le retour de Fud Leclerc qui, pour la troisième fois, chante pour la Belgique, représentant la population de langue française de son pays avec une ballade délicieusement mélancolique. Pour sa part, l'Autriche insuffle une touche de solennité au concours lorsque le célèbre chef d'orchestre Robert Stolz s'empare de la baguette pour diriger le morceau de sa composition, Du hast mich so fasziniert, chanté par Harry Winter, titre éminemment classique et froid. L'Autriche n'a pas visiblement encore su saisir l'âme de l'Eurovision.

    Bien plus légère, la chanson allemande interprétée par l'imposant Wyn Hoop a la particularité de porter un titre français, Bonne nuit, ma chérie. Manifestement consensuel, le morceau, au tempo boléro, fait l'unanimité ou presque puisque les Allemands terminent le spectacle à la 4è place, enregistrant ainsi leur meilleur résultat.

    C'est la France qui interprète le dernier titre de la soirée. Jacqueline Boyer, fille de Jacques Pills, classé dernier l'année précédente à Monaco, réalise une prestation de qualité qui entraîne l'adhésion de la majorité des juges. La bataille pour la place d'honneur se révèle néanmoins rude et pour la seconde fois, le morceau anglais échoue à décrocher la victoire même si, avec 26 votes en sa faveur, il surpasse les points acquis par la chanson de 1959, alors classée elle aussi deuxième du concours.

    Le scrutin connaît quelques ratés. Les 5 votes de l'Autriche en faveur de la France se changent ainsi en 7 sur le tableau des points. Devant un public qui applaudit à tout rompre chaque vote en faveur du Royaume-Uni, la maîtresse de cérémonie totalement excédée, Katie Boyle, réclame le silence. Qu'elle obtient illico ! Italienne installée à Londres depuis le milieu des années 1950, Katie Boyle présentera le Grand Prix 3 autres fois (1963, 1968, 1974), elle que l'on considère aujourd'hui comme la grande prêtresse de l'Eurovision !

    La gagnante du concours précédent, Teddy Scholten, remet le trophée de la victoire à Jacqueline Boyer. C'est la première fois que le vainqueur du concours de l'année passée est convié à la cérémonie et même si l'idée ne prend pas tout de suite, elle devient une tradition dès le milieu des années 1960.

    Résultats en Finale

    1er-  France (Tom Pillibi) JACQUELINE BOYER (32 pts)

    2è-  Royaume-Uni (Looking high, high, high) Bryan Johnson (25 pts)

    3è-  Monaco (Ce soir-là) François Deguelt (15 pts)

    4è=  Norvège (Voi voi) Nora Brockstedt

    et Allemagne (Bonne nuit, ma chérie) Wyn Hoop (11 pts)

    6è-  Belgique (Mon amour pour toi) Fud Leclerc (9 pts)

    7è-  Autriche (Du hast mich so fasziniert) Harry Winter (6 pts)

    8è=  Suisse (Cielo e terra) Anita Traversi

    et Italie (Romantica) Renato Rascel (5 pts)

    10è=  Suède (Alla andra far varan) Siw Malmkvist

    et Danemark (Det var en yndig tid) Katy Bodtger (4 pts)

    12è-  Pays-Bas (Wat een geluk) Rudi Carrell (2 pts)

    13è-  Luxembourg (So laang we's du do bast) Camillo Felgen (1 pt)

    (Le petit +)

    Le titre Tom Pillibi fut un véritable succès commercial, se classant 33è en Grande-Bretagne, 11è aux Pays-Bas et 6è en Suède. Jacqueline Boyer enregistra une version en allemand mais laissa à la star Julie Andrews le soin de sortir une version anglaise du titre. En 1991, l'artiste réenregistra le hit pour l'inclure à la compilation gravée sur CD de ses plus grands succès.

     

    5e Concours Eurovision de la chanson
    Image:ESC 1960.png
    Finale 29 mars 1960
    Présentateurs Katie Boyle
    Télédiffuseur hôte BBC
    Lieu Royal Festival Hall, Londres
    Royaume-Uni Royaume-Uni
    Chanson gagnante Tom Pillibi
    par JACQUELINE BOYER

    France France
    Nombre de participants 13

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    1965, Naples, Italie

    LuxembourgRoyaume-UniFranceAutricheItalieIrlandeDanemark SuisseMonacoSuèdePays-BasRépublique fédérale socialiste de YougoslavieNorvègePortugalBelgiqueRépublique fédérale d'AllemagneFinlande 

    La 10è édition du concours Eurovision se déroule le 20 mars 1965. L'événement est d'importance : pour la première fois les téléspectateurs de l'Europe de l'Est et bien au-delà peuvent assister en direct à la retransmission du concours. Une audience internationale estimée à près de 150 millions de téléspectateurs.

    Les pays qui s'étaient présentés l'année précédente à Copenhague sont tous de retour en plus de deux nouvelles nations. La Suède, dont la télévision était parvenue à sortir de la crise, et l'Irlande - qui allait cumuler le plus de victoires au Grand Prix de l'Eurovision - faisaient leur entrée dans le concours. Aucun nouveau pays ne serait inscrit à l'Eurovision jusqu'en 1971.

    Le Royaume-Uni allait présenter un morceau particulièrement novateur sur le plan musical; la candidate britannique Kathy Kirby était une véritable star dans son pays, responsable de sa propre émission télé et forte de toute une collection de hits. Un sondage réalisé par la presse l'année précédente l'avait élue "meilleure chanteuse britannique" loin devant Cilla Black, Dusty Springfield et Pétula Clark. A Naples, Kathy Kirby se présenta sur scène vêtue d'une étincelante robe de soirée moulante; cheveux blond platine et rouge à lèvres carmin participaient à parfaire son image de starlette et sa ressemblance avec Marylin Monroe. Le titre qu'elle interpréta, I belong, était de loin le plus branché que les Britanniques aient jamais présenté; une chanson pourtant bien terne en comparaison du titre qui cette année-là allait déchaîner le public de l'Eurovision.

    Représentant le Luxembourg, France Gall, une jeune parisienne de 17 ans, interpréta un titre aussi accrocheur et dans le vent que son look. Sa chanson, Poupée de cire, poupée de son, écrite et composée par Serge Gainsbourg, racontait l'histoire d'une poupée, lasse de n'être que le fruit d'une aventure musicale, privée d'émotion et de sentiments, enfermée entre les quatre murs d'un studio d'enregistrement, loin de toute réalité. Un titre particulièrement bien écrit et arrangé - ce qui ne surprendra personne connaissant la réputation d'auteur-compositeur que Gainsbourg s'était déjà faite à l'époque. La délicieuse prestation de France Gall suffit à convaincre les plus réticents et prouva à tous que mode et tendance avaient leur place dans le Grand Prix. Les juges impressionnés par la jeune artiste la désignèrent à l'unanimité comme leur favorite.

    L'autre surprise vint de la chanteuse Conchita Bautista qui avait représenté l'Espagne à sa première entrée dans le concours en 1961. Revêtue d'une robe sans manches à plusieurs rangées de volants, l'artiste fit de son mieux pour que sa chorégraphie enlevée évoque la prestation d'un toréador. Mais, comme beaucoup d'autres avant elle, Conchita Bautista apprendra à ses dépens que rien ne sert de revenir après une première participation infructueuse. Son titre, Que bueno, que bueno, sera le premier en seulement deux participations de l'Espagne à ne pas réussir à se qualifier. Le pays sera rejoint en queue de peloton par l'Allemagne, la Belgique et la Finlande.

    A la différence de l'Espagne, l'Irlande réussit sa première entrée avec une ballade plutôt triste de Butch Moore, chanteur vedette du groupe Capital Showband. Pour la première fois, un pays autre que le Royaume-Uni présentait un titre interprété en anglais - bien que le candidat suédois ait aussi opté pour l'anglais cette année-là. Dès le début, il fut clair que les Irlandais comptaient bien ravir leur place aux Britanniques. Malgré une entrée prometteuse, le candidat irlandais - dont le style démodé s'apparentait plus aux années 1950 que 1960 - ne réussit pas à grimper au-delà de la 6è place, grâce aux 11 points attribués par trois pays.

    Représentant l'Italie, le très adulé Bobby Solo tenta d'égaler avec son titre Se piangi, se ridi, le succès rencontré l'année auparavant par sa compatriote Gigliola Cinquetti. Un problème de gorge empêcha l'artiste de présenter sa chanson lors des répétitions; Bobby Solo fut heureusement rétabli pour le grand soir et donna au public l'occasion de découvrir le seul groupe de choristes du concours, un trio de jeunes femmes qui reprenaient le refrain. Le style crooner de l'artiste italien et son interprétation convaincante allaient pourtant obtenir bien moins de succès que les mélodies rythmées et enlevées du Luxembourg ou du Royaume-Uni.

    Le partage des points et le soutien que s'apportaient mutuellement les nations voisines furent conformes à ce que l'on avait pris l'habitude de constater. L'Irlande et le Royaume-Uni commencèrent par s'ignorer délibérément - un petit jeu toujours d'actualité - alors que Monaco attribua sa meilleure note à ses voisins français, imité par la Suède qui fit de même avec le Danemark...

     

    Résultats en Finale

    1er-  Luxembourg (Poupée de cire, poupée de son) FRANCE GALL (32 pts)

    2è-  Royaume-Uni (I belong) Kathy Kirby (26 pts)

    3è-  France (N'avoue jamais) Guy Mardel (22 pts)

    4è-  Autriche (Sag ihr, ich lass sie grüssen) (16 pts)

    5è-  Italie (Se piangi, se ridi) Bobby Solo (15 pts)

    6è- Irlande (I'm walking the streets in the rain) Butch Moore (11 pts)

    7è-  Danemark (For din skyld) Birgit Brüel (10 pts)

    8è-  Suisse (Non à jamais sans toi) Yovanna (8 pts)

    9è-  Monaco (Va dire à l'amour) Marjorie Noel (7 pts)

    10è-  Suède (Annorstades vals) Ingvar Wixell (6 pts)

    11è-  Pays-Bas ('T het is genoeg) Conny van den Bos (5 pts)

    12è-  Yougoslavie (Bosnie-Herzégovine) (Ceznja) Vice Vukov (2 pts)

    13è=  Norvège (Karusell) Kirsti Sparboe

    et Portugal (Sol de inverno) Simone de Oliveira (1 pt)

    15è=  Espagne (Que bueno, que bueno) Conchita Bautista

    et Allemagne (Paradies, wo bist du ?) Ulla Wiesner

    et Belgique (Als het weer lente is) Lize Marke

    et Finlande (Aurinko laskee lanteen) Viktor Klimenko (0 pt)

    (Le petit +)

    France Gall fut propulsée au sommet des charts français avec Poupée de cire, poupée de son; l'artiste entrera au Top 10 suédois, néerlandais, allemand et italien. Deux ans après le concours, elle mettra un terme à sa collaboration avec Serge Gainsbourg, préférant aux paroles trop suggestives de l'auteur des mélodies plus sophistiquées. Elle sera la première gagnante du Grand Prix à bousculer les clichés de l'Eurovision; elle se refusa à tout commentaire sur le sujet et raya de son répertoire la chanson.

    10e Concours Eurovision de la chanson
    Image:ESC 1965.png
    Finale 20 mars 1965
    Présentateurs Renata Mauro
    Télédiffuseur hôte RAI
    Lieu Sala di Concerto della RAI, Naples
    Italie Italie
    Chanson gagnante Poupée de cire, poupée de son
    par FRANCE GALL
    Luxembourg Luxembourg
    Nombre de participants 18

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  • 1963, Londres, Royaume-uni

    Danemark SuisseItalie Royaume-UniFranceMonaco AutricheLuxembourgAllemagneBelgiqueRépublique fédérale socialiste de YougoslavieFinlandeNorvègePays-BasSuède 

    Le fait que le Royaume-Uni n'ait jamais réussi à décrocher une première place à l'Eurovision n'empêche pas la 8è édition du concours de se dérouler dans les studios de la BBC, à Londres. Les Britanniques se sont en effet vu offrir l'accueil de la manifestation après le désistement des nations du tiercé gagnant de 1962 soit la France, Monaco et le Luxembourg.

    L'émission est diffusée le samedi 23 mars 1963 depuis deux salles distinctes dans les locaux flambant neufs de la BBC. Public, maîtresse de cérémonie et tableau des points dans l'une, orchestre et interprètes dans l'autre, un studio blanc terriblement austère qui se trouve envahi de toutes sortes d'accessoires.

    Les années passant une rumeur enfla. Et si les chanteurs de ce 8è Grand Prix avaient chanté en play-back ! La BBC et l'Union européenne de radiotélévision (UER) s'offusquèrent, protestant fermement contre cette accusation, sans parvenir néanmoins à lever complètement le doute qui plane sur ce concours depuis  maintenant plus de 40 ans ! Et c'est la prestation britannique qui alimenta essentiellement la suspicion. Car les choeurs de Ronnie Carroll avaient à l'évidence chanté en play-back. Quoi qu'il en soit, la controverse hante encore aujourd'hui les esprits.

    Pour mémoire, le nouveau système de scrutin instauré l'année précédente avait exclu un quart des titres. L'UER accroît le nombre de points décernés de façon que chaque nation puisse retenir 5 favoris et augmente également le nombre des juges de 10 à 15. Cette modification, opérée tard dans la journée, n'est manifestement pas communiquée à certains membres du jury.

    Les 16 pays qui s'affrontent en 1963 à Londres sont les mêmes qui ont concouru au cours des deux années précédentes, mais à la différence de 1962, on découvre avec plaisir cette fois une extrême diversité des styles de musique en lice. L'Autriche si guindée jusqu'alors rompt complètement avec son image en recourant aux services de Carmela Corren, d'origine israélienne. Revêtue d'une robe dos nu noire à paillettes, l'artiste interprète sa chanson, Vielleicht geschieht ein wunder, un air vaguement jazz, tantôt en autrichien tantôt en anglais, une révolution dans le monde de l'Eurovision.

    Le Danemark a opté pour une ballade raffinée qu'interprète la chanteuse Grethe, accompagnée de son guitariste de mari Jorgen Ingmann. Le rythme lancinant du titre est soutenu par des effets spéciaux projetés dans le studio, comme ce tourbillon de formes psychédéliques qui rajoute à l'impression onirique de la musique. C'est la toute première chanson à recourir au virtuel plutôt qu'aux accessoires, et l'audace va payer. Après une lutte comme n'en a jamais connu ce Grand Prix de la chanson européenne, le Danemark triomphe, même si, dans un premier temps, la victoire semble loin d'être acquise.

    Le scrutin se déroule dans le silence le plus complet, tandis que le public (invisible depuis le début de la transmission) retient son souffle. Des événements étranges vont survenir. Tout se passe assez rapidement jusqu'au vote de la Norvège. A Oslo, le correspondant se trompe dans le numéro des chansons, troublant ainsi Katie Boyle qui demande à son confrère de bien vouloir répéter pour plus de clarté. Un silence gêné s'ensuit durant lequel le correspondant norvégien consulte ses notes, affolé, avant de demander l'autorisation de revenir un peu plus tard (!). Les cafouillages s'enchaînent. Le jury monégasque accorde 1 point à deux pays, le Royaume-Uni et le Luxembourg, ce qui échappe aux officiels et le tableau des points est modifié avant même l'annonce des scores. Le résultat est alors incertain et tandis que la Suisse devance le Danemark de 2 points, Katie Boyle appelle de nouveau le correspondant norvégien.

    La version officielle des événements est que la Norvège n'aurait pas été prévenue par l'UER de l'augmentation du nombre de juges. Les 15 votent pour la seconde fois et attribuent leurs points, dont 4 à leurs voisins danois, soit le double de ce qui avait été accordé à l'origine. Et ce n'est pas tout ! L'italie reçoit 3 points, un de moins par rapport au premier scrutin, l'Allemagne 2 et la Suisse 1, au lieu des 3 gagnés un peu plus tôt dans la soirée. Ces calculs bouleversent complètement le score et offrent la victoire aux Danois par 42 points devant la Suisse (40 points). Aujourd'hui encore, les Suisses estiment avoir été lésés de leur titre en cette année 1963.

    Résultats en Finale

     

    1er-  Danemark (Dansevise) GRETHE & JORGEN INGMANN (42 pts)

    2è-  Suisse (T'en vas pas) ESTER OFARIM (40 pts)

    3è-  Italie (Uno per tutte) EMILIO PERICOLI (37 pts)

    4è-  Royaume-Uni (Say wonderful things) RONNIE CARROLL (28 pts)

    5è=  France (Elle était si jolie) ALAIN BARRIERE

    et Monaco (L'amour s'en va) FRANCOISE HARDY (25 pts)

    7è-  Autriche (Vielleicht geschieht ein wunder) CARMELA CORREN (16 pts)

    8è-  Luxembourg (A force de prier) NANA MOUSKOURI (13 pts)

    9è-  Allemagne (Marcel) HEIDI BRÜHL (5 pts)

    10è-  Belgique (Waarom) JACQUES RAYMOND (4 pts)

    11è-  Yougoslavie (Croatie) (Brodovi) VICE VUKOV (3 pts)

    12è-  Espagne (Algo prodigioso) JOSE GUARDIOLA (2 pts)

    13è=  Pays-Bas (Een speeldoos) ANNIE PALMEN

    et Norvège (Solhverv) ANITA THALLAUG

    et Finlande (Muistejeni laulu) LAILA HALME

    et Suède (En gàng I Stockholm) MONICA ZETTERLUND (0 pt)

    (Le petit +)

    Grethe et Jorgen ne connurent qu'un succès mitigé avec Dansevise; un titre classé n°1 au Danemark qui entrera dans le Top 30 néerlandais sans parvenir à percer nulle part ailleurs.

     

    8e Concours Eurovision de la chanson
    Image:ESC 1963.png
    Finale 23 mars 1963
    Présentateurs Katie Boyle
    Télédiffuseur hôte BBC
    Lieu BBC Television Centre, Londres
    Royaume-Uni Royaume-Uni
    Chanson gagnante Dansevise
    par GRETHE & JORGEN INGMANN
    Danemark Danemark
    Nombre de participants 16

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